Nikolaï V. Lebowski ▬ Le Hunter qui aime la vodka! [END]

Comme mon nom l'indique, je suis d'origine russe. Je suis né en Russie mais mis à part quelques vieilles injures que ma grand-mère m'a apprise vous m'entendrez rarement parler la langue de mon pays natal. J'ai passé les premières années de ma vie chez ma grand-mère, mon père vivant à Nekaï pour affaire ne voulait pas m'emmener "sur cette terre de dépravation" et ma mère ayant perdu la vie peu après ma naissance elle devenait ma plus proche parente. Ma grand-mère était le genre de femme de la vieille école, elle m'avait donc donné une éducation stricte et tristement peu ouverte d'esprit. J'était un garçon plutôt timide et réservé, elle me poussait à "m'affirmer" en prétendant que je ne deviendrais jamais un "homme" si je restais dans mon coin à geindre. Geindre, d'ailleurs, c'était bien une chose que je ne faisais pas! Ma mère n'était plus et mon père m'ignorait mais je ne m'en plaignais jamais car au moins j'avais quelqu'un. Pour être plus exact, j'étais un peu souple au lait dans mes plus jeunes années mais quand j'ai commencé à aller à l'école un de mes petits camarades m'a appris à être heureux avec ce que j'avais. C'était un gamin pauvre dont le père était aussi parti, mais pas pour le travail, et dont la mère passait trop de temps à travailler pour s'occuper de lui... Pourtant il avait toujours le sourire. J'ai décidé de faire comme lui et j'ai arrêté de me plaindre, profité du peu de temps que mon père pouvait me donner et remercié ma grand-mère d'être là. Jusque-là je vous fait penser à l'exemple type du mec bien pensant et politiquement correct? Tenez vous, ce n'est pas fini.
J'avais douze ans le jour où ma grand-mère a eu une attaque cardiaque. Par chance la prise en charge rapide lui a permis d'y survivre mais après cela elle n'était plus en mesure de vivre seule et encore moins de s'occuper de moi! Ma vie a alors changé du tout au tout puisque mon père a été obligé de prendre ses responsabilités: il ne pouvait pas quitter Nekaï et il a donc du m'emmener là-bas. Cette terre m'avait toujours passionné, sans doute justement parce que je n'avais pas le droit d'y mettre les pieds! Pendant les premiers mois, mon père refusait que je sorte de la maison, il faisait venir des professeurs particuliers pour mon éducation -particulièrement pour maîtriser la langue puisque je ne parlais que le Russe à l'époque, une langue peu parlée à Nekaï!-. Un jour, lassé qu'on me prenne pour un petit prince en sucre, j'ai fugué de la maison. J'ai alors découvert un monde différent de ce que je connaissais. C'était une fin d'après-midi, mon père était en réunion avec des investisseurs et mon professeur de piano -je n'ai jamais été doué, je l'avoue- venait de quitter la maison. J'avais alors pris de l'argent dans les affaires de mon père, des trucs à grignoter et des vêtements chauds et j'étais sorti. C'était la première fois que je voyais la Ville des Hybrides! Il y en avait partout, de tous les types, et les gens avaient tous un comportement différent vis-à-vis d'eux. J'avais flâné dans les boutiques, traîné un peu partout, observé la ville et les gens, ... Tout le monde me semblait plus décontracté ici, en tout cas plus que ma pauvre grand-mère! Les gens avaient l'air heureux, on respirait mieux et même l'herbe était plus verte. Mais avec le soir qui tombait la ville avait pris des allures différentes. Ou alors c'était parce qu'à force de marcher je m'étais retrouvé dans les plus bas quartiers de cette ville merveilleuse. Des hybrides femelles qui racolaient des types pas très nets, des bagarres, et au détour d'une rue un "eh gamin, file-moi ton portefeuille ou ça va mal finir pour toi". Effrayé, j'allais obéir sagement... Mais c'est alors qu'étaient sortis de nulle part un homme et une femme armés, l'un prenant ma défense mis l'hybride à terre en moins de temps qu'il n'en fallut pour dire "ouf". Quelques secondes après leur passage la rue était devenu plus calme que jamais. Ensuite, ils s'étaient assurés que j'allais bien et m'avait raccompagné chez moi. C'était des hunters, qu'ils disaient. Des chasseurs d'hybrides. Une fois rentré j'avais pris un savon mais après deux ou trois autres tentatives de fugue mon père avait fini par accepter de me laisser aller à l'école. Il était toujours strict, se refusait toujours à avoir des hybrides sous notre toit, mais il me laissait aller à l'école!
Je mis tout mon coeur dans mes études pour montrer à mon père que j'étais digne de ce cadeau mais en secret je nourrissais le rêve de passer le concours des hunters. J'avais découvert ma voie en me rendant compte que certes les hybrides étaient des créatures merveilleuses mais si elles mettaient les gens en danger je voulais être un bouclier pour ces innocents. Evidemment les humains aussi pouvaient être terribles, mais ce n'était jamais ces humains terribles qui étaient visés par les attaques, plutôt ceux qui ne pouvaient pas se défendre eux-mêmes, c'était injuste. Je prétendis vouloir apprendre à me défendre pour obtenir des cours d'arts martiaux et, comme j'étais doué dans ce domaine, j'avais même fini par avoir le droit d'arrêter le piano pour y consacrer plus de temps. Au lycée, j'avais gagné plusieurs compétitions de karaté. C'est sans doute grâce à cela -et pas à mes notes qui étaient désastreuses- que j'avais été admis à l'Ecole de Hunters! ... Oui, il existe une école pour cela, cependant ce n'est pas un passage obligé puisque le concours qui permet d'acquérir la précieuse "Licence de chasse" est ouvert aux candidats libres, mais dans mon cas c'était une aubaine! En effet, mon père voulait que je fasse des études supérieures et je jouais cette carte afin qu'il accepte que je rejoigne cette école.
Les années qui suivirent furent longues et dures, j'appris à me servir d'un certain nombre d'armes différentes, les bases de la traque des rebelles, tout ce que l'on savait sur eux et sur les hybrides en général, ... Et fut aussi confronté à quelque chose qui m'avait échappé jusque-là: les taux de testostérone effrayants de mes petits camarades! L'Ecole des Hunters, c'était un déluge
virilité mal placée sur lit d'humour beauf. Les rares filles qui intégraient l'école rentraient chez elles en pleurant... Et on les retrouvait souvent au concours en candidat libre, certaines le passèrent même haut la main. Moi, j'étais plutôt mal à l'aise avec tout ça, je m'efforçais de ne pas prendre part ne me laissais pas atteindre par la stupidité de mes camarades... Quelque part, je me dis que c'est peu être à cause de cette époque que j'ai tant mis en garde Aria par rapport aux autres Hunters hommes... J'ai peu être une vision un peu biaisée de mes anciens camarades de formation! Dans tous les cas, pour ce qui était de mes notes, je m'en sortais bien et développait rapidement un grand intérêt pour la stratégie.
Diplômé, j'intégra une équipe de jeunes dirigée par un hunter plus expérimenté. Nous étions trois: Phil, Margareth et moi-même. Notre chef était un vieux japonais que l'on surnommait "le bonze" à cause de sa coupe de cheveux... Et à force de l'appeler comme ça j'ai oublié son nom! Nous étions tous les trois très différents mais nous n'en étions pas moins une équipe soudée et nous progressions ensemble pour devenir de vrais hunters... Le seul conflit que nous avions rencontré, c'était lorsque Phil et moi nous étions battus pour le coeur de Margy. Un combat que j'avais fini par remporter, le jour de mon vingtième anniversaire, puisqu'en cette occasion j'ai décidé de prendre mon courage à deux mains et d'inviter la belle brune à sortir.
Ombre au tableau, mon père décéda l'année qui suivi la fin de ma formation et le début de ma carrière de Hunter. Je regrette qu'il n'aie jamais pu dire "je suis fier de mon fils", mais quand j'y pense je suppose qu'il l'avait toujours été. Avec mon héritage, j'avais acheté une maison dans un quartier tranquille et m'était installé avec Margareth qui était alors ma petite amie. C'était une femme redoutable, nous vivions pour notre travail et même lorsque nous parvenions à passer un peu de temps ensemble c'était de cela dont on parlait. Pourtant, cela ne nous empêcha pas de rester près de sept ans ensemble. Quand nous avions du temps l'un pour l'autre nous étions heureux et cela nous suffisait. Mes rêves d'avoir des enfants et de vivre paisiblement je les mettais de coté pour la vie si excitante de chasseur!
Du jour au lendemain tout changea lorsqu'une intervention tourna mal et causa la fin prématurée de ma carrière. J'avais presque vingt-sept ans, et si vous avez bien fait le calcul vous devez avoir compris que c'est aussi à cette période que ça a commencé à partir en latte avec Margy. Ce jour-là, nous avions pour mission d'arrêter une bande de rebelles qui avaient selon nos indicateurs préparaient un enlèvement. Nous avions entouré la zone et nous préparions à passer à l'action lorsque nous fûmes pris à revers par un autre groupe de rebelles: ce qu'on appelle communément une embuscade! Ils étaient plus nombreux et en nous repliant nous avions été séparés, j'aurai du être plus vigilent en m'enfuyant par ce bâtiment désaffecté... Dans ma course, j'aurai du repousser un adversaire, le sol trop fragile n'avait pas résisté à notre lutte armée et alors que je le poussais et qu'il tombait sur le sol fissuré celui-ci avait fini de se désagrégé et nous étions tombés à l'étage du dessus. C'est le corps de l'hybride qui avait été mon bouclier, il fut transpercé par les tiges en métal restantes de ce qui fut par le passé un mur en béton armé. L'une d'elle, à travers lui, me traversa l'épaule causant le handicap que vous me connaissez. Quant à mon oeil le dernier geste en tombant de ce malheureux fut de s'y accrocher de ses griffes, d'où sa perte.
Mais quel rapport avec ma femme? Pour faire simple on me remercia de mes services en m'offrant un emploi de bureau et la possibilité de former des jeunes au métier. Inscrit dans un train plus tranquille et étant entouré de jeunes mon désir de fonder une famille s'était fait plus fort. Nous nous disputions à ce sujet... Un jour elle m'a dit qu'elle "savait" que si "si je voulais des gosses c'était juste pour mettre sa carrière au même point mort que la mienne parce que j'étais jalouse", c'était le mot de trop et nous nous étions séparés avec perte et fracas.
Ma vie prit un tournant différent encore une fois, ce soir où la petite fille de mes voisins frappa à ma porte en pleine nuit. C'était il y a huit ans, il était un peu plus de quatre heures du matin, je somnolais seul sur le canapé quand elle était arrivée. Une gamine perdue qui me demandait de sauver sa famille attaquée par les rebelles. Son père était forgeron, je le savais bien... Pas étonnant qu'il soit attaqué. J'avais dit à la petite de s'enfermer chez moi tout en prenant mes armes mais elle m'avait suivi contre mes indications. Lorsque j'arrivais dans la maison ses parents étaient déjà froids et les rebelles fouillaient en quête de trésors, je tirais plus pour les dissuader et les faire fuir que pour les atteindre: avec un seul oeil ma capacité à visualiser l'espace et donc à viser était vraiment réduite. J'ai repris une balle dans l'épaule ce soir-là mais bon, elle était déjà foutue de toute façon.
On ne retrouva pas de trace de la petite soeur de la gamine, Tsukiyo elle s'appelait. Je ne l'appris qu'après avoir décidé de m'occuper de cette orpheline, elle l'était peu être parce que j'avais mis trop de temps à me réveiller alors je lui devais bien ça. C'était ce que je pensais au début mais je m'étais très vite attaché à elle. Cette pauvre petite... Elle est comme ma propre fille aujourd'hui même si nos débuts avaient été difficiles. Je l'avais installée dans une chambre vide la maison, dédiée aux élèves. Elle y passait ses journées, se nourrissait exclusivement de quelques snacks et refusait même de me parler. Elle avait dit qu'elle ne m'en voulait pas mais j'en doutais un peu alors je la laissais prendre son temps pour ne pas aggraver la situation... Mais voyant que son état de santé se dégradait j'avais décidé d'agir. Alors qu'elle sortait pour "se nourrir" j'avais surgi dans la cuisine derrière elle, lui présentant une boîte qui contenait une arme que j'avais commandé pour un de mes apprentis... Mais celui-ci avait abandonné après sa première chasse en conditions réelles, je le soupçonnais même de s'être pissé dessus. Mais passons. C'était la dernière création de son père et pour ainsi dire tout ce qu'il laissait derrière lui. Je la lui donnais pour cela, mais en même temps elle était le symbole du fait qu'il était temps pour elle de se relever et de se battre. Elle avait alors eu un déclic, était devenue mon élève et répondait à présent au nom d'Aria. Je l'entraîna en cachette jusqu'à ce qu'elle eut l'âge de commencer officiellement à chasser en ma compagnie, elle fit ses preuves rapidement bien qu'elle fut à jamais incapable de tenir une arme à feu. Je fus le seul à en connaître les raisons.
Un jour elle a quitté la maison et s'est installé dans un chalet aux abords de la forêt. J'ai repris de nouveaux élèves et ma vie a repris son cours, sauf que maintenant je m'occupais aussi d'elle: je lui porte régulièrement à manger parce qu'elle ne sait toujours pas cuisiner, m'inquiète pour sa vie sentimentale et viens la soigner quand elle est malade... Je fais de mon mieux en temps que père de substitution et je continues de former des générations de chasseurs justes qui ont le respect de la vie d'autrui et savent réfléchir avant de foncer dans l'action. Je ne sais pas pour combien de temps, mais pour le moment je fais ça et demain on verra bien!