L'équipe des gros boulets débarque! (PV: Kami)

Les gens étaient vraiment bizarres depuis ce matin... J'étais sortie faire les courses et j'avais vu plusieurs personnes en courser d'autres. C'était marrant à voir mais assez étrange. Je me baladais donc tranquillement, en sifflotant un petit air joyeux, en ville à la recherche de magasins ouverts mais tous semblaient apparemment fermés. Il se passait décidément de drôles de chose aujourd'hui! Je continuais mon chemin, croisant de nombreuse personnes qui fuyaient quelque chose. Je ne savais pas du tout quoi par contre... Enfin je ne savais pas encore. Je resta sans bouger, à attendre, pour voir quel était le problème. Je vis des silhouettes se profiler au loin. Tous les gens que je voyais ne semblaient pas du tout avoir une once de vitalité. Ils avaient un tête patibulaire et marchaient lentement et de travers. De plus en plus étrange... Certains avaient du sang autour de la bouche. Je mis bien... Dix bonnes minutes à réagir. A réagir pour quoi? Pour me mettre à courir bien sur! Je commençais à comprendre que rester sur la route de ce genre de personnes n'était pas un bonne idée! 

J'avais laissé tomber le sac que j'avais emmené pour mes courses. Tant pis, je reviendrais le chercher plus tard je n'avais pas le temps là! Quoique... J'étais plus rapide et agile qu'eux, c'était jouable non? Si je courais vite je devais pouvoir y arriver! Oui j'étais bête et alors? Je fis rapidement demi-tour et courut jusqu'à retrouver mon sac. Je le ramassa avec soulagement. Voyant les personnes étranges juste à coté de moi je prit la première chose que j'avais sous la main... Une poêle à frire. J'en avais une dans mon sac. Pourquoi? Bonne question je ne savais pas du tout. Au pire j'y réfléchirai plus tard, pour le coup ça allait bien me servir! Je l'utilisa pour... Mettre un bon coup dans la tête des personnes devant moi! Sans ma départir de mon "arme" je courut, cherchant un abri.

Mes jambes commençaient à me faire mal, je tourna dans la première rue que je vis. Il y avait une petite place avec une fontaine et un banc. Je m'assis sur le banc et but un peu. Je comptais bien souffler un peu, même si je gardais ma poêle à portée de main. Tournant la tête sur ma droite je découvrit... Un hybride dans une position, improbable... Un hybride chat était en train de faire un poirier juste à coté du banc. Je cligna des yeux.

"Qu'est-ce que tu fais là? Et qui est-tu? Et puis c'est quoi cette position?!"

Kami ne comprenait pas la situation, des gens de tous âges qui jouaient à chat entre eux, déguisé de manière bien moche en plus. Il se demandait si ce n’était pas une nouvelle fête humaine comme Noël ou Pâques, de toute façon personne ne lui disait rien. Des fois cela allait très loin, car certains…semblaient manger d’autres personnes, le pire c’est que cela avait l’air super réaliste avec les cris de douleurs et tout ça. Vraiment trop bizarre ces humains pensait-il, avant de tomber sur des hybrides dans le même état. Le neko percuta le truc quand ses atrocités s’avançaient vers lui dans une démarche très originale avec les bras en avant. Il n’avait aucune envie de rejoindre leur manège ridicule, de toute façon il n’aimait pas se maquiller avec de la peinture rouge. C’était pour lui comme se salir volontairement, mais vu ses conditions de vie, il était mal placé pour parler.

Déjà ennuyé de ces trucs qui le suivaient, il prit la direction opposée avec un pas plus rapide, car en plus d’être laid, ils étaient lents. Il déploya sa stratégie de « tourner au pif » lorsqu’il tombait sur un croisement, c’était souvent pour cela qu’il se perdait dans la ville d’ailleurs.

« Sérieux »

Il se plaignait encore, ce n’était pas possible d’être tranquille sans qu’on vienne le déranger. Même les hunters stagiaires l’ignoraient, sauf quelques fois où ils avaient fini par regretter leurs actes. Mais, là il attirait bien plus les foules, un peu comme une célébrité et justement, ça l’énervait encore plus.     
Lors d’un tournant de rue, il fut surpris par une autre de ses bestioles, bien plus rapide qui faillit l’éjecter d’un violent coup de bras. Quelques cartons posés dans la trajectoire, volèrent un peu partout sur le trottoir. Heureusement qu’il était petit et qu’il s’était à peine baissé de cinq centimètres pour esquiver. Il ne réfléchit pas beaucoup, pour s’enfuir en courant en laissant au zombie la tâche de rempiler les cartons. Kami pris une ruelle qui avait l’air plus sûr que les grandes rues, il n’y avait pas de gens bizarres par ici. Sa course dura pendant toute la longueur de la rue, jusqu’à une place. Arrivé à côté d’un banc il plongea en avant pour éviter une poubelle renversé et finit allongé sur le sol avec un nuage de poussière en lançant un petit :

« Idiots »

Puis, prit d’une flemme pour se relever normalement, il poussa sur ses bras tout en lançant ses jambes en avant. Il se retrouva dans une position d’équilibre sur les mains ou poirier, qu’il maîtrisait étonnamment bien. Mais, comme la discrétion n’était pas son fort, il y avait quelqu’un à sa gauche :   

"Qu'est-ce que tu fais là? Et qui es-tu? Et puis c'est quoi cette position?!"

Trop de questions d’un coup, une hybride lapine avec un regard bien surpris le fixait. Elle avait une poêle à la main, mais ce n’était qu’un détail, Kami resta un moment fixe, puis revint les pieds sur terre :

« Ch’ais pas » fut sa seule réponse.

Le regard de Kami ne s’arrête pas, il transperce tout sur son passage, qu’importe l’obstacle devant lui, il va bien plus loin.
Kami n’avait pas reposé ses yeux sur son interlocutrice depuis qu’il était revenu la tête à l’endroit. Il était trop concentré à laisser son regard s’enfuir ailleurs, le problème : il y avait un panneau « Stop » dans son champ de vision. Sa tête se tourna enfin vers la lapine montrant son visage blasé comme tout, mais ses yeux restaient là où ils étaient avant. Ce ne fut que quelques secondes plus tard, qu’ils se déplacèrent instantanément vers l’hybride. Air interrogateur, yeux marron, oreilles bien tombante et toujours cette poêle à frire dans les mains. Si elle espérait « réveiller » Kami, ce serait plutôt l’effet inverse qui pourrait surgir. Personne ne se baladait avec un ustensile de cuisine comme cela, il y avait peut-être un rapport avec situation actuelle. C’était la première fois qu’il fut témoin d’une chose aussi étrange.

Le jeunot s’assit sur le sol et s’accouda sur le banc, au lieu de s’asseoir sur le banc à côté et s’accouder sur le dossier, réflexe. Son imagination continuait de produire des intuitions grotesques sur ce qu’il se passait en ajoutant la présence d’une pôle à frire. Il avait malgré tout entendu la question de cette Kyoko, qui parlait très lentement afin d’être bien comprise. Elle voulait juste savoir son nom, ce qui ne paraissait pas compliqué à répondre. Mais Kami, étant bien occupé par sa propre pensée, il ne répondit que deux minutes cinquante plus tard par :

« Kami »

Sans aucun ton particulier, il ressemblait à la voix qui annonçait les arrêts dans un transport en commun. Même si elle avait plus de conviction à dire que c’était l’arrêt « bidule chouette » que lui à prononcer son propre prénom. Avec Kami, les discutions étaient presque à sens unique et interminable. Soit la personne en face abandonnait, soit elle n’obtenait pas ses réponses. Oui, car Kami avait déjà oublié son âge une fois et il n’était pas sûr de s’en souvenir dans l’instant présent.

Il était quand même intrigué par la poêle. Ainsi, il la pointa du doigt, puis pencha la tête à droite, comme pour marquer l’incompréhension. Il n’avait pas envie de formuler une question, car il y avait trop de mot à aligner et il fallait mettre l’intonation. Dommage que le cinéma muet ne soit plus d’époque depuis très longtemps, il aurait bien collé au truc.

N’empêche, quel objet incroyable ce truc… Kami ne se souvint pas en avoir vu un seul. Il cherchait à quoi cela servait, en le rapprochant à d’autres objets qui lui ressemblaient. C’était un peu comme un miroir, car c’était plat, mais on ne se voyait pas dedans. Peut-être une raquette de tennis…nan…le manche était trop petit et il n’y avait pas de trous. Il continua de fixer la poêle, énormément intrigué par l’utilisation que l’on pouvait en faire.

-C'est pratique... Pour les gens bizarres.

Kami fronça les sourcils, il croyait que c’était un genre d’énigme. « C’est quoi un gens bizarre ? » ce répétait-il sans cesse. Il leva un peu la tête vers le ciel et se figea dans sa réflexion, il continuant d’y trouver une solution. Une cuillère géante…non plus…cette fois-ci, Kami était allé trop loin.

Sa réponse, ou du moins ce qu’il pensait en être, une vint rapidement de suite. Kyoko sauta agilement vers un de ses monstres et lui fit sa fête avec la poêle. Kami eut une révélation, c’était donc à cela que ça servait.

« Taper… »

Il tenta de mémoriser les nouvelles choses qu’il avait apprises, c’était tout à fait intéressant à ses yeux. Cette poêle avait en fait, quatre fois plus d’utilité que lui, en une seule utilisation. Il n’était pas capable de mettre à terre quelqu’un, ni même de faire quelque chose de productif.

C’était un peu rude mais très efficace, il ne pensait pas que c’était une arme dangereusement violente. La créature n’en redemanda pas plus, par contre, la petite meute un peu plus loin dans la rue en voulait. Une petite poignée de zombie venait de les repérer avec le bruit ridiculement creux qu’avait fait le premier mort-vivant.

« Encore… »

Il accompagna son mot d’un long et profond soupir, pour traduire son ennui. Que ce soit une fête, ou quelque chose dans le genre, il en avait marre. Ce n’était plus drôle, ce que les gens pouvaient être stupides parfois. Ils continuaient leur petit manège, à avancer lentement vers eux. Kami se releva et rejoignit Kyoko, en soulevant le fait qu’il fallait bien se retirer. Sûrement ce qu’elle pensait en ce moment même.

La poêle avait fait son effet. Le zombie ne s'était heureusement pas relevé. A mon grand soulagement d'ailleurs! Sinon je ne sais pas ce que j'aurais fait... Kami semblait enfin avoir compris l'utilité de l'objet. Ce n'était pas trop tôt! Bah de tout façon mon exemple avait du suffire. Après tout un bon coup sur la tête d'un truc tout moche qui chercher à bouffer des gens c'était toujours utile! Je réfléchissais toujours à d’où pouvaient bien venir ces zombies. Il pouvait y avoir tellement de raison! Certaines plus loufoques que d'autres, mais tout aussi cohérente dans cette situation. Oui parce que s'il pouvait y avoir des zombies on pouvait considérer que tout était possible non? Moi je voyais les choses comme ça en tout cas... Maintenant plus rien ne pourrait m'étonner, à part peut-être hum... je ne sais pas moi... Une armée de cochons zombies avec des ailes! L'image n'était surement pas très parlante mais pour moi si!

Bon autant le zombie que je venais d’assommer n'en redemandait pas, mais ses copains c'était une autre histoire! Ils avançaient, lentement vers nous. Étonnement Kami réagit en même temps que moi. Lui aussi avait compris qu'il était temps de partir. Je ne perdis pas de temps, et sachant qu'il aurait probablement du mal à me suivre je lui agrippa le bras et l'entraîna avec moi. Je ne savais pas exactement ou nous allions mais peu importe! Le plus important était de trouver un lieu un minimum sur. Je courut un bon moment dans la ville avant de repérer un trou dans le mur d'une maison. Il était juste assez grand pour que nous puissions nous y glisser. Je rentra et invita Kami à faire de même.

Il faisait noir à l'intérieur mais on pouvait quand même y voir un peu. Je lâcha Kami et poussa un soupir de soulagement. Nous devrions avoir un peu de répit maintenant. Je laissa tomber ma poêle et m'assis, épuisée.

-On fait quoi maintenant?

Le groupe avait choisi judicieusement de prendre la fuite. Ce n’était pas une décision bête, qui voudrait "zoner" avec ces... choses ? Ils étaient ringards, et leur humour était tellement décalée, que même Kami en était gêné. Même s’il lui arrivait d’être plus « ringard » qu’eux, trop c’était trop…Un moment fallait faire savoir se calmer.

Le voyage fut rapide. Kami, traîné par Kyoko, tentait tant bien que mal à le suivre. Il était assez étonné de sa vitesse et de son endurance. Mais bon, il pouvait être étonné avec pas grand-chose, donc voilà. Lui, n’avait pas cette agilité, qu’on la quasi-totalité des autres hybrides en général. C’était tout l’inverse, maladroit et peu sportif, il n’enviait pas pour autant ses confrères. A quoi cela lui servirait au final ? Bon, à part s’échapper d’une horde de zombie, c’était un cas exceptionnel.
Ils trouvèrent une cachette, comme une bonne partie des maisons n'étaient plus en très bonne état. Le trou était vraiment discret, tout deux réussirent à passer sans problème. 

L’obscurité, les inonda aussitôt et l’atmosphère était plus lourde. Après, quelques temps, la nyctalopie de Kami s’activa automatiquement, lui permettant de mieux voir l’espace. A l’extérieur, le silence était revenu, un silence beaucoup trop pesant.

On fait quoi maintenant?

Kyoko brisa le temps mort avec cette question, très intéressante qui plus est. Kami ne savait pas trop, à part espérer que cela se calme. Il n’y avait pas bien grand-chose à faire. Le plus judicieux serait d’attendre, puis sortir un peu plus tard et se casser d’ici littéralement, illico presto. Avec un peu de chance, il restait des endroits, moins craignants qu’ici, aux alentours.

« Pas bouger »

Il n’était pas en train de donner un ordre à un chien, mais bel et bien d’exposer son avis. A noter que son expression était restée toujours aussi neutre qu’avant.

La réponse de Kami ne me surprit pas plus que ça. Elle était logique. L'endroit semblait sûr, on devait pouvoir y rester un petit peu. Même s'il devait y avoir des endroit ou ne serions plus en sécurité. Pour l'heure, mieux valait rester ici! Au moins le temps de reprendre des forces. J'étais épuisée après avoir donné des coups aux zombies et couru. La fuite avait du être dure pour Kami aussi. Le neko n'était très réactif, et ne devait pas avoir l'habitude de courir ainsi. Je me demandais comment il aurait fait tout seul? Aurait-il eu l'idée de courir seul face à ces choses? Je me permettais d'en douter. Je ne doutais pas de ses capacités physiques, mais plutôt du temps de réaction de son cerveau. Enfin ce n'était pas le bon moment pour débattre sur ça. D'ailleurs je ne savais même pas vraiment de quoi je débattais. Non, je ne savais même plus ce que je disais en fait. Il fallait dire qu'avec tout ce qui se passait, mon cerveau était un peu ramolli là.

Je laissa mon regard traîner en réfléchissant. La réponse de Kami m'avait un peu amusée je devais avouer. On aurait dit qu'il donnait un ordre à un chien. Je me doutais bien que son but n'était pas de me donner un ordre. Encore cette réponse serait venu de Aria, ça m'aurait sembler logique que ce soit un ordre. Mais, du peu que je connaissais de Kami, il venait juste de donner son avis. Tout de même il ne se foulait pas... Je me demandais d’où venait ce manque de réaction? Je n'avais jamais vu personne comme ça. Enfin peu importait au fond. Il était comme il était et puis voila. Je n'allais pas m'attarder sur la personnalité du neko non plus. Je ne savais vraiment plus ce que je disais moi, enfin ce que je pensais, enfin je me comprenais au moins moi!

Je devais vraiment arrêter de dire n'importe quoi! Et je devais trouver un nouveau sujet de conversation aussi. Entreprise difficile avec Kami comme interlocuteur... Bon, avec lui autant faire simple.

-Au fait Kami tu vis ou?

L’ambiance était devenue nettement plus calme, la cachette de Kyoko et Kami semblait efficace face à la menace extérieure. Gros problème : l’atmosphère était trop inanimée.

Kami de son côté était fatigué du peu qu’il avait couru. Les efforts physiques ne faisaient pas beaucoup partie de son quotidien, sa respiration était légèrement plus bruyante. Il regarda rapidement le trou où ils étaient depuis quelques temps. Il n’était décoré que de poussière et de petits décombres, rien de fascinant à ses yeux. Il ne semblait pas non plus avoir d’autre sortie que celle par où ils étaient précédemment entrés.

Cette histoire de zombie ne choquait toujours pas Kami. Il n’avait pas encore capté et pensait qu’il s’agissait de tout sauf d’une apocalypse sans avenir très rassurant. De plus, il était vexé des personnes qui jouaient à ce drôle de jeu, car cela brisait sa tranquillité.

 « Pourquoi ? »

Se dit-il à lui-même plus qu’à quelqu’un d’autre. Il utilisait souvent ce mot à tort, même quand son sens n’avait aucun rapport avec la situation.

Non sans vouloir attirer du monde, il jeta un rapide coup d’œil dehors pour voir ce qu’il s’y passait. Les seuls zombies visibles étaient très loin et n’étaient d’aucuns dangers pour le moment. Pendant sa petite observation, il entendit la lapine lui demander où il vivait. Question parfaitement normale quand on le croisait, lui et son air d’éternel paumé. Il répondit instinctivement, le regard toujours vers l’extérieur :

« Rue »

Le ton dans sa parole montrait qu’il n’était pas intéressé par sa propre réponse. Puis, il pensa que Kyoko tentait en réalité d’instaurer le dialogue. Même si ce n’était pas quelque chose qui lui plaisait, il utilisa l’arme ultime dans ce genre de situation : 
   
 « Toi ? »

Au moment où il se tourna de nouveau vers elle, il fut surpris par un râle long et morne. Il sursauta légèrement et se retourna vers la source du bruit. Un de ses monstres se trouvait non loin de la cachette. Mais, il était trop dissipé pour remarquer le trou béant, rempli de non-infectés, d’un autre côté, il bloquait involontairement l’unique issue de secours.