Hunger makes you remember that you're still alive...| Ft. Ophélie

La faim vous rappelle que vous êtes vivant de la pire des manières.
Quand vous ne ressentez plus ni le plaisir, ni l'amour, ni la volonté de vivre, quand vous pensez être morts à l'intérieur, elle vous prend aux tripes et vous rappelle que votre corps, lui, est toujours bien vivant. Il n'y a qu'elle et la douleur pour faire cet effet. Un duo d'enfer dont j'aurai bien aimé me passer. Mais avant tout laissez-moi vous raconter comment j'en suis arrivée, là: assis par terre dans une ruelle à coté d'un restaurant de pizza, par une soirée fraîche et pluvieuse, à envier tous ces connards qui finissent leur dîner alors que moi je crève de faim et de froid dans mon sweat-shirt usé et trempé.
Pour les explications, ça commence maintenant. Comme vous vous en souvenez peu être si vous suivez mes aventures comme un vieux stalkeur en surpoids et en survêtement suit une étudiante étrangère bien foutue jusque chez elle avant de se figer sous ses fenêtres, j'avais été acheté par une gameuse aux cheveux bleus qui se pensait capable de me redonner envie de vivre. Je traînais sur son canapé tel un parasite en attendant le jour où elle allait abandonner cette idée dingue jusqu'à un matin où j'avais eu l'excellente idée de sortir pour m'aérer. J'avais alors revu une vieille connaissance: Adelheid, autre hybride-cobaye... Qui m'avait mit dans tous mes états par sa foutue innocence. Ses espoirs me filaient la gerbe alors j'avais été picoler et essayer de me faire tuer, comme à chaque fois. Ça n'avait pas marché, comme à chaque fois. Quand, quelques jours plus tard, j'avais voulu rentrer, j'avais appris que ma "maîtresse" était partie précipitamment. Je ne savais pas pourquoi. Mais elle avait rendu son appartement donc je n'avais plus nulle part où aller. J'avais pensé à profiter de la fondation Montgomery, qui avait repris la gestion du projet dont je faisais partie... Mais je m'étais vite ennuyé là-bas alors j'étais reparti. Dans la rue, je pensais trouver de quoi mettre fin à mes putains de jour plus facilement. Et me voilà, là, ce soir.
Cela faisait plusieurs jours que je traînais et mes forces commençaient à m'abandonner: je n'avais rien mangé de consistant depuis que j'étais parti et je n'avais pas vraiment dormi non plus: vous pourriez dormir dans la rue, vous? Quand la pluie avait commencé à tomber, j'avais trouvé refuge dans cette ruelle, espérant que cela s'arrête vite. J'avais pas envie de mourir un jour de pluie, j'aimais pas la pluie. Puis l'averse s'était transformé en orage. Et je commençais à me dire que ça continuerait pour toujours. Les odeurs de nourriture qui provenaient du restaurant me torturaient: depuis quand je n'avais pas mangé une pizza? Je devais être encore un humain à l'époque. J'en crevais d'envie... Même si ne rien manger me mènerait au moins à la fin que j'attendais depuis si longtemps.
La nuit commençait à tomber, une voiture roulait à toute vitesse dans la rue attenante, traversait une flaque d'eau et créant une énorme vague qui parvint à m'éclabousser. Je grommelais:
- Et merde!
J'avais faim, et froid et mes blessures me faisaient toujours souffrir: je voulais que cela s'arrête, d'une façon ou d'une autre. Bonne ou mauvaise, tout m'irait à ce moment-là.