Sortie cinéma (Faustine)

Depuis ce matin, j'étais toute excitée. J'avais l'impression que la semaine était passée au ralenti. Mais enfin nous étions samedi ! Et j'avais vraiment hâte de revoir Faustine. J'avais pris soin de prévenir à l'avance Kaï de mon rendez-vous, pour être sûre que je serais libre à l'heure. Ce qui était effectivement le cas.

J'avais enfilé ma robe préféré, d'un marron un peu plus clair que celui de mes cheveux. Pour ces derniers, je les avais remontés en queue de cheval pour ne pas qu'ils me gênent. Comme on était en hiver, j'avais quand même rajouté un pull par-dessus ma robe, et un leggins en bas. Le tout avec mon manteau bien entendu.

Autour de mon poignet trônait le bracelet offert par mon ami. J'y tenais vraiment beaucoup, et je ne le quittais plus que je l'avais. Mon autre bracelet, celui offert par mon ami rebelle, commençait à ne plus tenir. C'était un bracelet brésilien, en passe de tomber. Bientôt, je n'aurais plus que celui de Faustine. Mais bizarrement, je ne tenais plus trop au plus ancien.

Une fois habillée, je prévenais mon maître que je partais, et je m'élançais dehors. Il faisait froid aujourd'hui, mais j'étais tellement pressée que j'avais l'impression de ne pas le sentir. Mon esprit était uniquement focalisé sur l'idée de retrouver mon amie renarde. Je n'avais pas arrêté de penser à elle cette semaine.

J'arrivais finalement un peu en avance devant le cinéma où nous avions rendez-vous. J'avais pas mal couru durant le trajet, arrivant à me mettre en avance. Bon, tant pis, je pouvais bien attendre un peu. Au moins j'étais sûre d'être à l'heure puisque j'étais déjà là.

En attendant que Faustine arrive, je me cala contre le mur. Mes yeux regardaient dans le vague, tandis que mon esprit divaguait vers celle qui allait me rejoindre. Je sentais mon cœur battre rien qu'à imaginer le moment que nous allions passer ensemble. C'était bien la première fois que je me sentais aussi heureuse d'avoir une amie...

Tellement absorbée dans mes pensées, je ne remarqua même pas l'arrivée de mon amie. J'eus un petit sursaut en entendant mon prénom. C'était malin d'avoir eu peur sur une chose comme ça... Enfin, c'était moins ridicule que quand on s'était rencontrées. Elle m'avait quand même vue me cogner contre un poteau.

Je reprenais rapidement mes esprits en souriant à la petite renarde, la rejoignant. Je me permis de déposer une bise sur sa joue, sentant mes joues se colorer un peu. Et voila, elle était là. J'étais vraiment contente qu'elle soit venue. Pas que je doutais d'elle bien sûr, mais la voir en chair et en os faisait vraiment plaisir.

-Coucou Faustine ! Je suis contente de te voir, j'avais hâte d'arriver à aujourd'hui !

Ce n'était qu'une simple sortie cinéma, mais avec une personne très spéciale. En tout cas c'est comme ça que je voyais la renarde. Spéciale en quoi, je ne savais pas, mais elle l'était ça c'est sûr. J'allais faire en sorte de souvent la revoir à l'avenir, pour essayer de comprendre ce qui la rendait différente à mes yeux.

Mon regard se tourna vers le cinéma. Je regardais les quelques films à l'affiche cette semaine. Il y en avait pour tous les goûts. Je ne savais pas vraiment ce qui pouvait intéresser Faustine. Moi je n'étais pas bien difficile, pour une fois que j'allais au cinéma je n'allais pas faire la fine bouche. Même si les films d'horreur je n'aimais pas tellement ça.

Instinctivement, je portais ma main à mon poignet. Je remontais un peu ma manche, montrant à la petite renarde que je le portais toujours. Elle serait sûrement contente de voir que je ne l'avais pas perdu ou quoi que ce soit d'autre. Il était toujours bien là, et je le gardais précieusement.

Bon, maintenant il était temps de discuter de ce pourquoi on était venues toutes les deux. On aurait le temps de discuter plus tard, après le film et dans un endroit plus tranquille. Devant un bon chocolat chaud, ou quelque chose comme ça !

-Tu avais déjà une idée de film ? Ou tu veux qu'on regarde ce qu'il y a ?

Faustine avait paru ravie que je porte toujours son bracelet. J'avais bien fait de lui montrer ça. Elle était vraiment trop mignonne quand elle souriait et qu'on voyait qu'elle était contente. Ça me donnait envie de la prendre dans mes bras et la serrer fort. Mais pas devant tout le monde, j'aurais eu honte. J'aurais peut-être l'occasion plus tard.

Un peu en retrait, je laissais la petite renarde regarder ce qu'il y avait à l'affiche. Visiblement, elle n'avait pas plus d'idée que moi. Mais je préférais la laisser choisir, tant qu'elle ne me proposait pas un film d'horreur, tout irait bien. Moi tout m'allait, je n'étais vraiment pas difficile. Quoiqu'elle me propose ça m'irait.

Je m'approcha un peu pour voir le film qu'elle me désignait. Une comédie, parodie de genre espionnage. Chouette un film drôle, ce serait un bon moment entre elle et moi. Je hocha la tête avec enthousiaste, souriant.

-Pourquoi pas, une bonne tranche de rire ça ne fait pas de mal !

Encore une fois, je laissais Faustine passer devant. C'était elle la noble qui avait de quoi payer. Je me sentais toujours gênée de la laisser payer pour moi, mais c'était elle qui voulait. De toute façon je n'étais pas bien riche. J'espérais pouvoir lui payer une boisson après quand même. C'était la moindre des choses.

La personne au guichet nous tendit nos tickets, nous indiquant la salle. Je la remerciais et suivait mon amie dans la salle en question. Il y avait déjà des gens installés, humains comme hybrides. Notre duo se posa sur une rangée devant, pour être sûr de n'avoir personne devant pour bloquer la vue.

Mon amie avait pris au passage des pop-corn pour nous deux, les posant pile au milieu. Je piochais un peu dedans, souriant à la petite renarde.

-Merci d'avoir payé pour moi. J'espère que tu me laissera au moins m'occuper des boissons après.

Je croyais avoir eu Faustine sur le paiement des boissons après, mais elle réussit à contourner ma proposition. Je gonflais un peu les joues en soupirant. Bon, je devais m'avouer vaincue là. Je voyais bien à son caractère que je n'arriverais pas à la convaincre de ma laisser payer le tout. Tant pis, la moitié c'était déjà pas mal.

Les lumières diminuèrent en intensité, signifiant que le film allait commencer. Je me calais bien dans mon siège, les yeux rivés sur l'écran. Ma main venait parfois piocher du pop-corn, jusqu'à ce que le paquet soit vide. A nous deux on le termina vite. Deux gourmandes qui ne résistaient pas à la tentation de quelque chose de sucré.

Je n'avais jamais été vraiment fan des films d'espionnage, mais pour le coup, celui-là était bon. Je crois que c'est surtout la parodie qui le rendait ainsi. Il était plus drôle qu'autre chose, et je voyais tout le monde dans salle rire. Moi et Faustine compris. Elle avait vraiment bien choisi.

A la fin du film, je jetais un regard à mon amie renarde. Elle était vraiment enthousiaste pour en parler, et semblait l'avoir autant apprécier que moi. Tant mieux alors, on avait réussi à profiter toutes les deux. J'étais contente d'avoir partagée ça avec elle.

-Oui il m'a plu ! Rien ne vaut un film drôle pour réussir une journée.

Tout ça m'avait mise de bonne humeur. Mais j'avais encore plus hâte de la suite. J'allais pouvoir faire plus connaissance avec Faustine. Ramassant le paquet de pop-corn pour le jeter, je suivais mon amie dehors. Maintenant on pouvait aller boire un coup tranquillement. Il était un peu plus de 16h, donc ça nous laissait un peu de temps.

Je me décidais cette fois à prendre la tête, et attrapais la main de la petite renarde pour l'emmener avec moi dans un petit café que je connaissais non loin. Un endroit tranquille qui acceptait aussi bien humain que hybride. Mais avant d'entrer, je me tournais tout de même vers elle.

-Je connais ce café et j'aime bien l'endroit, alors je me suis dit que ce serait sympa. Mais on peut aller ailleurs si tu veux...

Je voulais éviter d'emmener Faustine dans un lieu qu'elle n'appréciait pas. Moi j'aimais bien ce café, mais je ne savais pas pour elle. Ça aurait été dommage de gâcher le journée à cause de ça. Je l'avais surtout choisi parce que ici, humain ou hybride ça importait peu. Comme ça on ne se ferait déranger par personne.

Mais mon amie renarde ne semblait pas du tout déranger, au contraire elle avait l'air contente que je lui montre un lieu que j'aimais bien. Elle se décida à entrer avant moi, lâchant ma main. Je la suivis sans hésiter, souriant au serveur qui vint nous accueillir. Celui-ci nous installa à une place au fond. Avec une jolie vue sur un terrasse, l'endroit était agréable.

Il n'y avait pas beaucoup de monde, ce qui faisait qu'on était tranquille ici. On allait pouvoir discuter sans se soucier des oreilles indiscrètes. J'avais hâte de l'entendre me parler d'elle, mais avant toute chose nous devions commander. Faustine prit un jus d'orange, tandis que moi je portais mon choix sur un thé vert. J'aimais bien en prendre un dans l'après-midi, ça faisait du bien.

Une fois que le serveur fut partit, mon amie reprit avec enthousiasme l'idée de faire connaissance. J'aimais beaucoup ce qu'elle me proposait, ça permettait de dire des choses en étant très libre. Et chacune son tour pour que ce soit plus juste. J'étais partante pour discuter comme ça ! Je hochais la tête en souriant.

-D'accord !

Comme elle avait lancer l'idée, ça me paraissait logique de commencer les présentations. Je ne savais pas du tout quoi dire en premier. Je ne voulais pas commencer pas des choses trop personnelles, mais pas non plus sans intérêt. C'était dur de choisir quoi dire. Finalement j'aurais préféré qu'elle commence mais bon.

Je prenais un peu de temps pour réfléchir, faisant tourner ma cuillère dans le thé que le serveur avait ramené entre temps. Je finissais pas me décider en souriant de nouveau à mon amie.

-Je commence alors ! J'ai 17 ans et demi, et attention le demi est très important pour moi ! D'ici quelques mois j'aurais 18 ans.

Je m'amusais toujours à insister sur le demi de mon âge. En soit, ça n'avait pas une grande incidence, mais moi je le trouvais important. J'étais plus proche des dix-huit que des dix-sept. Bientôt je serais une grande. Même si physiquement je n'en avais pas vraiment l'air. Parfois dans mon comportement aussi.

Souvent je pouvais avoir tendance à me comporter de manière un peu enfantine, j'en avais bien conscience. Mais j'étais comme ça, et puis j'avais le temps de mûrir. Dans quelques années je serais un peu plus adulte dans ma tête, mais pour l'instant je profitais de pouvoir encore agir comme ça.

Tiens, avec Faustine on avait pas beaucoup d'écart tout compte fait. Presque quatre ans. Je rencontrais rarement des gens qui étaient plus jeunes que moi, hormis des enfants. Mais là mon amie renarde était une jeune adolescente. Je la trouvais assez mature pour son âge. Peut-être du à sa place de noble.

Elle avait une grande sœur, qui avait six de plu qu'elle. A l'entendre et en voyant ses yeux brillants, on voyait quelles s'entendaient vraiment bien toutes les deux. Elle était très fière d'être sa cadette, ça se voyait très clairement. J'étais contente pour elle. Sauf que ça me faisait penser à Noah.

Nous aussi on s'entendait bien tous les deux. Du moins jusqu'à ce qu'il disparaisse. Je ne savais toujours pas où il était, alors que la ville n'était pas si grande que ça. Il me manquait beaucoup, on avait passé tellement de temps ensemble. Mais je devais faire un sorte de ne pas déprimer, en tout cas pas devant Faustine.

Pour faire passer mes pensées, je faisais de nouveau tourner ma cuillère dans mon chocolat, avant de prendre une gorgée. Le liquide chaud faisait du bien, le temps que je me recentre. Aller, je ne devais pas me laisser aller.

-Moi j'ai un grand frère, il s'appelle Noah. Et il doit avoir 21 ans maintenant. Ça fait un certain temps que je ne l'ai pas vu.

Je n'e précisais pas plus, sachant qu'elle ne poserait pas de questions. C'était notre marché en quelque sorte. On ne disait que ce qu'on voulait, et l'autre ne demandait pas plus de précisions. Surtout que je voyais bien qu'elle avait peur de dire des bêtises. Je finissais pas changer de sujet.

-Au niveau de la nourriture, je sais pas pourquoi mais j'ai un petit faible pour les œufs. Peu importe la forme, mais j'adore ça.

Partir sur le sujet des préférences alimentaires permettait de passer à autre chose, et détendre l'atmosphère en même temps. C'était un sujet plus léger, en tout cas pour moi. Pour l'instant je ne voulais pas trop parler de Noah, plus tard sûrement. Quand j'aurais un lien un peu plus fort avec la jeune renarde.

Comme prévu, elle n'insista pas sur mon frère, et ne posa aucune question. Je voyais bien qu'elle s'en voulait d'avoir fait une gaffe, mais je ne lui en voulais pas. De toute façon, vu nos différences, certains sujets allaient être moins facile à aborder pour une de nous deux. J'en étais bien consciente, alors je ne lui tenais pas rigueur de sa maladresse.

Faustine enchaîna avec son propre plat préféré. Visiblement, elle avait une préférence pour le sucré, et moi le salé. Mais j'étais assez d'accord avec elle : la tarte aux pommes, bien préparée, c'était vraiment très bon ! Un jour, ce serait génial qu'on puisse se faire un repas qu'on prépare toutes les deux.

Quoique, je me demandais si elle cuisinait ses plats. Avec tout l'argent qu'avait sa famille, ils avaient de quoi engager des personnes pour s'occuper du ménage et de la cuisine. Mais Faustine m'avait l'air assez simple, et mettait tout le monde au même niveau. Alors peut-être qu'elle se débrouillait par elle-même.

La jeune renarde avait pour ambition de devenir professeur plus tard, sûrement dans les langues au vu de sa passion. Mais effectivement, comme elle le disait, on ne pouvait pas continuer à discuter sans que ça ne mette en avant les grandes différences entre nous.

Mais moi, je trouvais ça intéressant tout de même. Voir que ça ne nous empêchait pas de bien nous entendre. Je secouais la tête en lui souriant pour la rassurer un peu.

-Comme tu dis, impossible de discuter sans aborder certains sujets qui peuvent coincer d'un côté. Mais moi je ne vois pas ça comme un problème, au contraire.

J'espérais la rassurer en disant ça, qu'elle ne s'en veuille pas pour avoir dit ce qui ressemblait à une gaffe. Surtout que je ne lui en voulais pas pour ça, elle avait bien expliqué les choses.

-Effectivement je ne suis pas allée à l'école. C'est ma mère qui m'a fait les cours quand elle avait le temps. Je n'ai pas eu ta chance, mais je ne suis pas pour autant idiote.