Plus dure sera la chute... ▬ Ft. Kami Nakasen

Pourquoi j'ai fait ça? Je sais pas trop, en fait. Le matin, je me réveillais avec dans l'idée de me bouger le cul parce que j'en avais marre de pioncer devant la télé sur le canapé du salon avec mon bol de chips... Et le soir je bois comme un trou dans un bar craignos et je cherche des noises à un mec suffisamment grand et impulsif pour me casser la gueule. Qu'est-ce qu'il s'était passé au milieu? Je sais pas. C'est quand même pas à cause d'elle? Je sais pas. Peu être, finalement. Cette journée s'était annoncée comme bien pourrie dés le moment où j'avais marché sans but et que je m'étais retrouvé devant les vitrines de l'animalerie. Putain de fatalité. J'étais un monstre. Pas un humain, pas un hybride... J'étais quoi? Je ne savais pas mais mon destin c'était celui d'une loque. Je l'avais vue à l'intérieur. Adelheid, avec ses bons sentiments, sa confiance en les humains, sa façon d'agir comme si c'était normal de se faire marcher dessus, son calme olympien, sa voix à la fois douce et triste car dénuée de sentiments comme celle d'une poupée automatique... Ça me tuait, elle me rappelait ce que je ne voulais pas d'être et que j'étais malgré moi. Elle prenait ce putain de destin de merde avec tellement de sérénité qu'à coté d'elle j'avais l'impression d'être un petit con qui se plaint pour trois fois rien. Ça devait être pour ça que je lui avais dit de plus jamais venir m'emmerder, j'avais été idiot de l'oublier. Alors j'avais passé la journée à errer, et rien n'arrivait à me remonter le moral. Enfin, c'est con ce que je dis: t'as déjà vu quoi que ce soit réussir à remonter le moral à un caillou, toi? Ça a un moral, un caillou?
J'étais rentré dans ce rad à l'ouverture et j'avais pas dévissé mon cul de mon tabouret pendant les heures qui avaient suivies. J'avais pas les moyens de payer tout le whisky de piètre qualité que j'avais descendu, mais j'avais mon astuce pour ne jamais avoir à le faire! J'avais attendu que les pires salopards de Nekaï se rassemblent, j'en avais trouvé un baraqué et plutôt facile à énervé et je l'avais poussé au bout de ses nerfs. Quand on quitte un bar inconscient on a pas besoin de payer en général. Le mec m'avait envoyé quelques coups de poings sans que je me défendes puis j'avais fait semblant de tomber dans les pommes, il m'avait soulevé par le col de mon sweatshirt pour me jeter dans la ruelle à coté du bar. Quand il avait sorti son couteau je m'étais douté qu'il aurait pu me descendre. J'aurais du jubiler, j'attendais ça depuis suffisamment longtemps! ... Mais...
- Butes-moi, si tu veux, ce sera cool. Ma maîtresse te dépouillera, tu lui fileras jusqu'à ton froc et tu seras aussi con que moi! Avais-je lancé fièrement, bien que je n'en menais pas large.
Le type rangeait son couteau, grognait et retournait picoler gaiement. Moi j'étais là, incapable de me lever. Boh, ça reviendra. Je rigolais comme un con, si seulement jamais fermé ma gueule!

Si on devait élire un roi des cons, ce serait moi. Sans aucun doute. Si j'avais pu me taire j'aurai atteint mon but, l'objectif que je cherche à atteindre depuis le jour où ma vie a basculé vers ce cauchemar: me foutre en l'air. Oh, depuis le temps, j'aurai pu redonner un sens à ma vie, trouver du positif dans ma foutue situation, ... Mais disons simplement que l'occasion ne s'était pas présentée. Peu être parce qu'elle n'existait pas, qui sait? Enfin bref, je me retrouvais là, comme un con. J'étais allongé sur le sol, la tête reposant sur un sac poubelle tout mou. Il n'y avait plus personne dans la rue, enfin je ne voyais plus personne... Le calme était revenu une fois que le type était retourné dans le bar... Un calme relatif car on entendait toujours les voix des personnes à l'intérieur s'élever. Je ne pouvais plus bouger, je ne savais pas quand ça allait revenir... Je savais juste qu'à un moment ça arriverait. Je ne pouvais qu'attendre que ça aille mieux pour traîner la carcasse jusqu'à chez ma maîtresse et soigner mes blessures devant la télévision. Enfin... Si on me laissait le temps de me remettre. Ici, c'était pas le genre de coin où réserver des vacances. Si je restais là sans bouger plus d'une heure j'allais me faire agro par tous les voleurs de porte-feuille, les braconniers vicelards, les apprentis hunters en quête de reconnaissance et peu être même les psychopathes. Le point positif dans le dernier des cas c'est qu'au moins je ne ferais pas long feu.
N'importe qui aurait eu de l'appréhension en voyant quelqu'un l'approcher en de telles circonstances, mais pas moi. Le pire qui pouvait m'arriver... M'est sans doute déjà arrivé au moins une fois, alors qu'est-ce que je pouvais bien en avoir à foutre? La personne fut vite assez proche pour que je pus l'observer: un jeune un peu perdu avec des oreilles de chat. Il me demandait si "ça allait" en me regardant avec son air mi-perdu mi-j'm'en fous. Je grimaçais. Il devait pas être très malin, celui-là. Encore une fois, l'envie me vint de le faire tourner en bourrique. J'étais d'humeur taquine aujourd'hui, manifestement!
- Oh, ça va, tout va suuuper bien. J'aime bien me coucher sur les poubelles, c'est confortable.