[FLASHBACK] Destins croisés de deux fleurs aussi fortes que fragiles... ▬ Ft. Effie

Ton maître est étrange. Il est parfois gentil, parfois méchant. Tu n'arrives pas bien à le cerner. Tu fais pourtant de ton mieux pour le servir comme on t'a appris. Mais quelque chose cloche. Sans que tu ne parviennes à déceler ce qui ne va pas. Et ça te perturbe.

De plus en plus, il invite des gens. Et il se fait inviter aussi. Par des gens importants. Nobles, riches. Tu n'as pas l'habitude de côtoyer des personnes de cet univers. Mais tu fais en sorte de ne pas décevoir ton maître. Tu ne lui fais pas honte. Même si on ne t'a pas appris ça, tu essayes d'imiter les autres hybrides de ce gens.

Aujourd'hui, c'était au grand hôtel. Un endroit très somptueux. C'est la première fois que tu mets les pieds ici. Tout t'émerveille. Mais tu tentes de ne pas le montrer. Tu te tiens droite, aux côtés de ton maître. Une connaissance l'a invité à prendre part à la fête. Et comme il est important de se faire connaître, il est venu avec toi.

Si tu restes quelques avec lui, tu finis par te mettre dans un coin. Pour ne pas le déranger. Et parce que tu ne comprends pas tout ce qu'il dit avec les autres personnes. Mais tu n'as pas envie de rester seule non plus. Aborder quelqu'un ne te semble pas la meilleure idée. Même les autres hybrides, ils t'intimident.

Jusqu'à ce qu'un mouvement attire ton regard. Une jeune fille, s'isolant de la foule. Elle aussi est seule ? Peut-être que c'est l'occasion. Tu ne voudrais pas avoir l'air étrange la suivant. C'est pourtant ce que tu fais. Tu la suis jusqu'à un balcon. Elle reste là, à fixer les étoiles. Est-ce que tu vas la déranger ? Doucement, tu t'approches. Sans faire trop de bruit, sans la brusquer.

-Bonjour ! Je m'appelle Euphemia, je peux te tenir compagnie ?

Tu as peur de la déranger. Après tout, peut-être qu'elle voulait s'isoler. Peut-être qu'elle voulait être totalement seule. Ton idée de la suivre te semble d'un coup moins bonne. Tu dois avoir l'air étrange. Mais tu ne sais pas quoi faire à l'étage en-dessous. Tu tournes en rond au milieu des gens. Venir à cette soirée t'enthousiasmait un minimum au début. Maintenant, tu es certain prise d'ennui. Tu n'as pas vraiment ta place parmi les riches.

La personne devant toi, elle ne semble pas à son aise non plus. Ce qui expliquerait qu'elle soit montée ici. Pourtant, tu doutes qu'elle fasse parti des hybrides dociles amenés par leurs maîtres. Elle dégage quelque chose qui la différencie. Tu ne sais pas si elle fait parti des nobles, et des humains riches. En tout cas, elle devait avoir un peu plus sa place ici que toi. Quoique, tu es étonnée qu'elle ne soit pas restée avec les autres invités.

A ta plus grande joie, la jeune fille accepte que tu restes. Tu souris, malgré le fait qu'elle semble hésitante. Elle se présente ensuite, sous le nom de Lorelei. Tu conserves un sourire ouvert. Autant paraître aussi amicale que possible, pour essayer de la détendre. A l'animalerie, ça a toujours marché. Plus tu étais gentille avec les vendeurs, plus ils l'étaient avec toi. Cette gentillesse avait beau être honnête, tu les as un peu manipulés.

Rapidement, Lorelei ajoute qu'elle n'est pas douée pour faire la conversation. Sûrement est-ce pour ça qu'elle n'est pas très à l'aise. En soit, la chose te rassure. Ce n'est pas ta présence qui la dérange. Elle ne sait juste pas par où débuter la discussion. Ce n'est pas toujours simple, tu en conviens. Même si toi, tu as pour habitude d'agir sous l'impulsion. Dire ce que tu penses, ce qui te passe par la tête.

-Ce n'est pas grave ! La conversation n'est pas une chose facile pour tout le monde.

C'est à toi de diriger cela donc. Tu te mets cette responsabilité. Tu feras en sorte qu'elle se détende petit à petit. Peut-être qu'elle arrivera à parler plus naturellement après. En tout cas, tu l'espères. Tant qu'à faire, c'est l'occasion de te faire une amie ? Tu vas un peu vite. Mais ça fait un moment que tu n'as pas passé du temps avec quelqu'un comme ça. Du moins, en dehors de ton maître. La compagnie des gens te manque.

-Tu es une noble ? On une humaine de famille riche peut-être ? Moi j'accompagne mon maître. Et je ne me sentais pas très bien au milieu de personnes qui parlent de choses compliquées...

Tu fais ta curieuse sur elle. Et en même temps, tu ne peux pas t'empêcher d'ajouter des choses qui n'ont rien à voir. Tu dois te retenir de trop parler. Pour ne pas la brusquer. Même si tu as des tas d'autres questions en tête.

Maintenant que vous avez commencé à discuter, te voila plus rassurée. Tu ne la déranges pas, et elle semble même encline à ce que tu restes avec elle. Tu vas sûrement devoir faire la conversation, trouver des sujets pour cette dernière. Mais tu as l'habitude. Tu discutes beaucoup avec tes amis lorsque tu sors. Ce que tu as de moins en moins souvent le droit de faire d'ailleurs. Ton maître semble préférer que tu restes à la maison depuis quelques temps. Il t'empêche de sortir. Chose qu'il ne faisait pas avant.

Le changement ne t'inquiète pour l'instant pas trop. Tu le vois comme une période passagère, ou une inquiétudes vis à vis d'un événement quelconque. Tu t'arranges toujours pour le convaincre de te laisser sortir. Pour voir tes amis, t'amuser avec eux. Malgré ton âge, tu as encore des réaction enfantines sur beaucoup de points. Enfin, plus naïve qu'enfantines. La preuve que le centre de dressage a bien fait son travail avec toi.

Tu as vu juste. La jeune fille est une noble. Donc une hybride comme toi. Voila un détail qui te met un peu plus en confiance. Tes semblables sont souvent plus sympathiques que les humains. En même temps, tu es curieuse de sa race. C'est moins évident que toi, tu serais incapable de déterminer. Mais tu ne vas pas poser la question. Ce n'est au final qu'un détail, tu n'as pas réellement besoin de le savoir. Ce n'est que de la curiosité.

De ses paroles, il te semble comprendre des difficultés avec sa famille. Tu ne connais rien d'eux. Mais Lorelei préfère visiblement se tenir à l'écart de sa tante et sa cousine. Deux vantardes selon ce qu'elle dit, avec leurs exploits imaginaires. Tu comprends un peu mieux son envie de s'éloigner des autres personne de la soirée. Tout comme toi, elle ne doit pas se sentir à sa place. Bien que dans son cas, tu trouves cela étonnant. Comme quoi, tous les nobles n'aiment pas briller en société.

Ainsi, Lorelei t'apparaît déjà comme plus proche de toi. Tu vois moins la barrière entre toi l'esclave, et elle la noble. Elle te semble juste une personne comme une autre. Tu es plutôt contente d'être montée ici. Tu as pu faire sa connaissance.

-Ça doit être dur pour toi d'avoir une famille pareille. Ce sont des menteuses ta tante et ta cousine ?

Elle a une famille qu'elle n'apprécie pas. Toi tu as perdu la tienne, mais tu aimais beaucoup tes parents. Les choses seraient-elle plus simples pour la jeune noble sans sa tante ? Tu ignores tout de l'histoire de la famille. Mais de ce que tu entends, c'est ce qu'il semble.

-Tu sais, j'ai un maître, et toi tu es une noble, mais je peux être ton amie ! Tu veux bien ?

Et tu dis ça avec un grand naturel, sourire aux lèvres. Ta sincérité est inscrite sur ton visage. Comme une enfant.

Comme tu étais candide à cette époque. Simplette aussi. Un rien pouvait te rendre heureuse. Cette simple conversation d'un soir avec Lorelei t'avait laissé dans le bonheur le plus total pendant quelques jours. Aujourd'hui encore tu t'en souviens. Mais tu étais tellement contente de rencontrer quelqu'un, en dehors de ton maître. Il commençait déjà à t'isoler un peu à ce moment là. Alors, forcément, chaque nouvelle personne rencontrée te remplissait de joie. Aujourd'hui encore, cette conversation reste l'un de tes meilleurs moments.

Cette jeune fille a attisé ta curiosité. Tu es capable de faire la discussion pour deux, de poser les questions pour relancer la parole. A toi, elle ne te semble pas antipathique. Bien au contraire même. Tu es absolument ravie d'être ici, à discuter avec elle. C'est bien ennuyeux que la soirée des humains. Tu ne comprends jamais rien à ce qu'ils racontent. Et, de toute façon, on ne te demande pas de t'impliquer dans les conversations humaines. Tu dois juste être jolie, polie et obéissante. En dehors de ça, personne ne te porte d'intérêt.

Mais Lorelei est différente. Elle se fiche que tu sois une hybride docile. Et elle te parle comme à n'importe qui. C'est agréable pour une fois. Ça change. C'est presque comme si tu étais son égale, même si son rang est logiquement plus élevé que le tien. Elle n'hésite pas à te parler de sa famille. Ce que tu comprends surtout, c'est que sa tante et sa cousine sont de mauvaises personnes. Elles dirigent la famille, sans avoir ce qu'il faut pour ça. Tu ignores de quoi il s'agit, mais tu saisis qu'elles mentent. Est-ce que ça veut dire que Lorelei a ce qu'il faut elle ?

Être proche de ses amis, et encore plus de ses ennemis. Ce doit être comme ça qu'elle les voit. Avec ces mots, tu as admirative. Elle te paraît si intelligente. En plus, elle ne se plaint pas de sa situation. Cette jeune fille a gagné ton admiration, même si elle n'en sait rien. Tu aimerais être comme elle. Plus mature. De vous deux, tu es la plus âgée, et pourtant, c'est toi qui agi comme une enfant. Pendant quelques temps, tu as pris Lorelei comme modèle. Ça aussi tu t'en souviens. C'est peut-être pour ça que cette conversation t'a marquée.

Ton attitude enfantine ressort d'autant plus, lorsque tu lui proposes d'être son amie. De ton côté, tu la considères déjà comme telle. Mais l'amitié doit être mutuelle, sinon elle n'est pas réelle. Tu ne veux pas lui forcer la main, mais cette idée te tient à cœur. Et ça doit se voir à tes yeux brillants d'espoir. Tu manques de sauter de joie lorsqu'elle accepte. Malgré quelques craintes. Peut-être que vous ne reverrez jamais. Toi tu as ton maître, et elle sort peur. Mais ce genre de détail, tu ne t'en formalises pas.

-Ce n'est pas grave ! Moi je me souviendrai de toi comme mon amie, c'est le plus important.

Au final, c'est vrai que tu ne l'as jamais oubliée. Aujourd'hui, tu serais plus mitigée à l'appeler amie. Mais elle est toujours dans ta mémoire, c'est un fait. Comme quoi, tu ne disais pas que des choses bêtes à l'époque.

-Je te souhaite du courage avec ta famille. Promis j'en parlerai pas ! De toute façon j'ai pas grand-monde à qui parler... Donc je suis contente que tu acceptes ! Et... Tiens comme on est amies, appelle-moi Effie, c'est mon surnom.