Promenons-nous dans les bois (Ophélie)

Comme bien souvent, tu avais réussi à te faire entraîner par Ophélie. Cette fille arrivait toujours à ses fins avec toi, tu ne savais pas lui résister. Et souvent, tu te retrouvais embarquée dans ce qu'elle appelait ses aventures. En plein milieu de nul part. Heureusement, pour cette fois, ce 'était qu'en forêt.

Elle t'avait fait le coup un jour. T'entraîner quelque part en pleine montagne. Un endroit qu'elle ne connaissait pas du tout. Vous vous étiez retrouvées complètement perdues pendant presque une journée, à vouloir retrouver votre chemin. Plus jamais tu ne voulais aller en montagne avec elle. Plus jamais.

Le bois de Nekaï n'était pas bien grand, et on retrouvait son chemin plutôt facilement. Donc tu avais accepté. Après avoir subi les supplications de ton amie. Elle avait insisté, avec ses yeux que tu lui connaissais si bien. Ceux qu'elle faisait quand elle avait quelque chose à te demander. Ceux auxquels tu ne savais pas dire non.

Voila pourquoi tu te retrouvais là, un sac sur le dos, à suivre Ophélie dans les bois. Elle avait pris son week-end, et avait prévu de passer la nuit ici. Tu avais bien pris soin de prévenir ta maîtresse de ta sortie, même si à force elle devait avoir l'habitude que tu parte n'importe où et n'importe quand. Ta vie était devenue plus calme maintenant que tu étais avec Frédérique.

Jusque là en terme de maître, tu n'avais pas eu beaucoup de chance. Tu espérais que Frédérique serait la bonne. Même si en soit, tu aurais préféré que Ophélie t'adopte le jour où elle était parti de chez sa mère. Tu aurais tellement aimé l'avoir comme maîtresse, ça aurait été comme vivre avec une sœur au quotidien.

Agacée de devoir suivre ton amie comme ça, tu soupira. Tu avais dans ton sac quelques affaires, une bouteille d'eau et un peu de nourriture. Juste au cas où, on ne savait jamais avec Ophélie. En prime, elle t'avait refourgué le sac contenant votre repas de ce soir. C'était plus prudent que ce soit toi qui le porte.

Vous marchiez depuis un bon moment maintenant. Tu n'avais pas envie de t'aventurer trop loin, même si en soit ce n'était pas dangereux. Dans une tentative de la faire s'arrêter, tu posa tes fesses au sol, lâchant les deux sacs que tu portais.

-Hey Orphée on peut pas s'arrêter là ? Ou au moins faire une pause, c'est lourd à porter tes trucs.

Ophélie, elle avait toujours de quoi t'étonner. Tu ne comprenais jamais comment elle pouvait ne pas se fatiguer. Son énergie ne la quittait jamais vraiment. Même toi qui en avait beaucoup, tu ne l'égalais pas sur ce point. Tu la voyais là, pleine d'enthousiasme.

Elle t'impressionnait, et elle te faisait désespérer. C'était peut-être ce qui faisait que tu l'aimais bien. Parce qu'elle était excentrique au plus haut point. Quand bien même elle arrivait toujours à t'énerver, être avec elle c'était toujours amusant. Ce n'était pas pour rien que tu n'appréciais que les gens originaux.

Tu manqua de t'étouffer en l'entendant dire qu'elle savait où elle allait. Venant de la part d'Ophélie, c'était plus qu'étonnant. C'était même la première fois qu'elle te disait avoir prévu son endroit. Enfin, tu doutais un peu de sa préparation. Elle était capable de se perdre, même en sachant où elle voulait aller.

Tout de même curieuse après ça, tu soupira en te relevant. Bon, puisqu'elle avait fait un effort, tu pouvais en faire un aussi. Par contre, si jamais elle vous perdait, elle pouvait t'oublier pour ses aventures. Tu avais assez donné comme ça. Avec sa sociabilité, elle ne devrait avoir aucun mal à trouver quelqu'un d'autre.

Continuant de suivre ton amie, tu observa un peu autour de toi. Tu ne connaissais pas cette partie de la forêt. Mais étonnamment, Ophélie semblait effectivement savoir ce qu'elle faisait. Pour une fois, tu étais plutôt rassurée de la suivre. Sachant que tu ne voyais pas où tu étais.

Au bout d'une dizaine de minutes, une clairière apparut. Donc ton amie avait dit vrai. Tu devais lui reconnaître ça. Posant tes sacs au sol, tu soupira une nouvelle fois, de soulagement cette fois. Tu étais bien contente d'être arrivée. Surtout que l'endroit te semblait sympathique.

Jetant un regard à ton amie, tu haussa les épaules. Elle avait raison, mais ça te coûtait de l'admettre.

-Ouais ouais, tu savais. Aide-moi à monter la tente au lieu de te vanter.

Même après avoir fait ça plusieurs fois, tu n'arrivais toujours pas à comprendre comment monter une tente. Tu laissa Ophélie commencer, l'aidant quand elle avait besoin. Toi, tu étais meilleure à faire cuire la nourriture.

-Dis, t'as bien prévu de quoi manger ? J'ai pris quelques trucs, mais ça rempli pas vraiment le ventre.

Son air victorieux te tira une grimace. Encore une chose sur laquelle tu ne pouvais pas lui faire de remarque. Tu devais te rendre à l'évidence. Pour une fois, Ophélie avait pensé à tout. Autant sur le lieu que sur les choses à amener. Tente et nourriture, elle avait tout ce qu'il fallait.

Haussant les épaules, tu ne répondis rien. Tu étais déçue de ne pas avoir pu la prendre en défaut. Et puis, des brochettes, tu ne pouvais que dire oui. Quand au dessert, ça n'avait pas vraiment d'importance. Ce que tu avais apporté comme friandises suffirait à remplacer ça. Vous étiez parées pour la nuit.

Maintenant que la tente était montée, il fallait préparer le campement. Ophélie répartit d'elle-même les tâches. Sans te laisser le temps de rouspéter. A peine sa phrase terminée qu'elle était déjà partie dans la forêt. A la recherche de bois. Toi, tu étais assignée à la préparation de la tente. Après un soupir, tu te mis à l'action.

Le sac était effectivement déjà à l'intérieur. Rempli de sac de couchages et oreillers. En plus de quelques couvertures au cas où. Tu n'aimais pas dormir à même le sol, mais c'était mieux que rien. Tu déplia vos couchages pour les installer côte à côte. Laissant un petit espace pour éviter les coups nocturnes. Puis tu ajouta les oreillers.

Une fois la tente prête, tu ressortis. Le temps commençait déjà à se rafraîchir. Au point qu'un léger frisson te parcourut. Ton gilet devait malheureusement être au fond de ton sac. Tu allais attendre un peu avant d'aller le chercher. Le temps que Ophélie revienne, tu t'installa sur une souche. Tes oreilles à l’affût du moindre bruit.

Ton amie ne tarda pas à revenir, les bras chargés de bois. Par acquis de conscience, tu lui donna un coup de main pour tout déposer au sol. Ce fut elle qui se chargea d'allumer le feu, réchauffant un peu les environs. Tu réprima un bâillement, souriant à ton amie. Pour une fois, tout se passait bien.

-C'est cool, tout est prêt. On n'a plus qu'à manger et aller dormir. Comme les petits vieux.

Un gloussement sortit de ta gorge. Tu savais bien que le programme n'allait pas lui convenir. C'était Ophélie après tout.

-Dis rien, je sais que t'es contre l'idée. Tu peux me donner de tes nouvelles tiens. Je t'ai parlé de ma maîtresse la dernière fois, et toi t'as quasiment rien dit sur toi. Alors raconte tout à ta sœurette !

Pour une fois, tout se passait bien. Vous n'aviez pas encore eu de sujet de dispute. Et quelque part, ça te faisait du bien. C'était tout de même plus agréable quand les choses allaient bien. Vous alliez pouvoir vous détendre et parler tranquillement. Enfin elle allait pouvoir parler.

La dernière fois, tu avais à peine pris le temps de l'écouter. Trop enthousiaste avec ton aventure dans le café de Frédérique. Une bonne tranche de rire en reparlant de ton CV. Tu ne savais pas toujours pas comment tu avais réussi à la convaincre. Mais ton petit numéro t'avait permis de trouver un travail. De manière totalement hasardeuse.

Ophélie ne semblait pas avoir grand-chose à raconter. Pas d'histoire de cœur, pas d'hybride à la maison. Quoique, apparemment, c'était dans ses projets. Tu haussa un sourcil en l'entendant dire ça. Depuis le temps qu'elle était seule dans son appartement. Ce n'était pas trop tôt. Elle avait enfin l'idée de mettre de la vie chez elle. Ce qui signifiait une autre personne à embêter pour toi.

Mais elle semblait hésiter. De quoi avait-elle peur ? Tu manqua de soupirer. Si toi tu étais bien avec elle, tu ne voyais pas de soucis à un autre hybride. Et tu étais dure en affaire avec les humains. Du moment que l'hybride arrivait à supporter son hyperactivité, tout irait bien. Et qu'il arrive à te supporter aussi. Vu le nombre de fois où tu allais chez ton amie par semaine.

En même temps, Ophélie commença à préparer les brochettes. Tu n'avais pas spécialement faim. Mais tu savais bien que dès que tu aurais l'odeur, ton ventre allait réagir. Au vu de la catastrophe culinaire que tu étais, tu préféra ne pas toucher au repas. La laissant gérer la cuisson.

-Me la fait pas cramer, y aura plus grand-chose à manger après. Cuite normalement c'est bien.

Il te semblait qu'elle tenait à ton avis avant de se décider ou non. Ton avis en tant qu'hybride ou en tant que sœur ? Dans les deux cas, il restait à peu près le même. Elle devait se prendre de la compagnie. Elle en avait besoin. Joyeuse comme elle était, la solitude n'était pas pour elle. Et d'avoir son cœur pris, un hybride était une bonne option.

-Je vois pas pourquoi tu demande. J'ai l'air de me plaindre avec toi ? Enfin en dehors de quand t'oublie des trucs. Fonce, t'as besoin de quelqu'un. Préviens le juste qu'il aura deux personnes à supporter. Et je dis il, mais elle c'est pareil.

Un rire t'échappa. Ton avis était simple : oui, un hybride serait très bien chez elle. En fait, elle avait même intérêt à ce que la prochaine fois que tu la vois, il y ait une autre personne à l'appartement.

Sans vraiment l'avouer, tu avais hâte. Hâte qu'elle prenne un hybride. Voir celui, ou celle, qui allait attirer son regard. Une présence supplémentaire apporterait un peu de vie dans son appartement. Et une grande source d'amusement pour toi. Avec un peu de chance, l'hybride serait aussi drôle que toi.

Mais elle en avait besoin, ça oui. Tu ne pouvais pas être présente tout le temps. Entre tes sorties avec les rebelles, et le conneries que tu faisais, tu étais très occupée. Et hors de question de te faire adopter par Ophélie. Ça changerait quelque chose dans votre relation. Tu refusais de poser le terme de maîtresse sur celle qui étais comme une sœur à tes yeux.

Tu pouffa, amusée par sa remarque. Oui, peut-être allait-elle tomber sur le petit rebelle en herbe de l'animalerie. Un peu comme toi à l'époque où tu y étais. Mais dans ce cas-là, il ne serait pas insupportable. Bien au contraire. Les rebelles en herbe étaient tes meilleurs amis. Pour le coup, ce serait plutôt Ophélie qui aurait bien des ennuis !

Le temps que tu ailles chercher vos vestes, les brochettes étaient cuites. Le soleil était rapidement descendu. Seul le feu vous donnait une lueur dans la forêt. Tu aurais presque comparé votre situation à une scène de film d'horreur. C'était une bonne occasion de se raconter des histoires d'ailleurs. Mais avant ça, il y avait plus important : manger.

Sans hésiter, tu planta tes dents dans la brochette. Marmonnant un bon appétit avec la bouche pleine. Ton estomac criait famine. Il était temps qu'elle arrive cette brochette. Celle-ci disparut en quelques minutes à peine. Te laissant un peu sur ta faim. Mais le repas n'était pas terminé. Ton sac était encore rempli de diverses friandises, qui n'attendaient que vous.

Tu attendis patiemment que la blonde termine sa propre brochette. Elle ne l'avait pas engloutie à la même vitesse que toi. Tu en profita pour t'étirer un bon coup, réprimant un bâillement. Ce n'était pas encore l'heure d'aller dormir. Pourtant, la fatigue commençait à pointer le bout de son nez. Tu n'allais peut-être pas te coucher trop tard pour une fois.

Dès que le plat fut terminé, tu t'occupa d'éteindre le feu. Sans oublier d'allumer votre petite lampe au passage. Puis tu entraîna Ophélie à l'intérieur de la tente, refermant à votre passage.

-Ok, alors là c'est le moment où les deux héroïnes vont pour s'endormir, mais elles entendent un bruit bizarre. C'est comme ça que ça marche non ?

Un rire s'échappa de tes lèvres. Oui, c'était ça le scénario dans les film. Mimant le bruit, tu frôla la toile du bout des doigts. Tout en sortant les fameuses friandises.

-Et voila le clou du spectacle. Maintenant on peut finir de manger. Et selon ce que tu préfère... Potins ou histoires d'horreurs ?