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Utsukushi Neko Sekai
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Rencontre curieuse sous la lune et les cerisiers ▬ Ft. Constantine
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Ezekiel
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Jeu 2 Mai - 0:42
Rencontre curieuse sous la lune et les cerisiers
Il y avait maintenant plusieurs mois que j'avais retrouvé mon mode de vie de rebelle et une routine commençait à s'installer. Je me rendais compte à quel point certaines choses ne changeaient pas... J'étais sans doute faite pour ce mode de vie et le destin s'acharnait à me le faire comprendre. Toujours était-il que j'étais douée pour soutirer de l'argent et des informations. Je me mettais souvent en danger mais je m'en tirais toujours... Pour le moment. En y repensant, je marchais sur le même fil suspendu au dessus du vide que l'avait fait Gabriel avant moi et voilà où cela l'avait mené... Moi aussi je risquais de tomber à tout moment mais je ne m'arrêtais pas pour autant. A la différence que, moi, je le faisais parce que c'était le seul moyen que j'avais de survivre. Je n'avais pas l'étoffe d'une braqueuse alors prendre l'argent d'hommes peu honnêtes en leur faisant miroiter mes faveurs avant de les laisser sur le carreau après leur avoir soigneusement soutiré de leur précieux sang était sans doute tout ce que je pouvais faire pour assurer ma survie. Si il m'arrivait de donner de ma personne pour de plus grosses récompenses? Jamais, je ne mange pas de ce pain-là! M'avez-vous prise pour une putain? Il était tard pour certain, tôt pour d'autre: au alentour de deux heures du matin. J'avais bien rempli mes poches cette nuit, et j'avais même pu prendre une douche. Il m'avait suffit de suivre un benêt ivre mort jusqu'à chez lui en lui promettant quelque obscénité et à l'assommer à peine sa porte d'entrée ouverte. Je l'avais ensuite soigneusement enfermé dehors histoire de ne pas être dérangée puis je m'étais lavée et avait volé ce que j'avais trouvé de nourriture dans son frigo avant de m'enfuir par la fenêtre. Je n'avais même pas eu besoin de le mordre. Tant mieux, au vu de son embonpoint son sang devait avoir un gout atroce!
Bref, je sortais par la fenêtre et flânait dans les rues désertes en dégustant le sandwich jambon-emmental que j'avais trouvé dans le réfrigérateur. Je me rendais alors compte que cet environnement ne m'était pas tout à fait inconnu: je me trouvais dans la rue où se trouvait notre maison. N'irais-je pas y jeter un oeil? Par simple curiosité? ... Ou pour faire semblant une dernière fois que je vivais là et qu'il allait rentrer de son travail d'une minute à l'autre et m'embrasser tendrement? J'avais beau essayer de m'en empêcher, c'est vers là que mes pas me menaient indépendamment de ma volonté. Dix, onze, douze, ... Voilà notre maison. Je mourrais d'envie d'ouvrir le portail et d'entrer comme si de rien était, comme si tout cela n'avait été qu'un mauvais rêve, mais je me ravisais: quelque chose avait changé et je venais de le remarquer. Des jouets d'enfant dans le jardin, des parterres de fleur piétinés, ... Ce n'était plus notre maison. Je tombais d'aussi haut que la dernière fois que je m'y étais trouvé... Notre chambre devait maintenant être celle d'un couple immensément riche dont les enfants ruinent le parquet de salon sans la moindre once de scrupule. L'idée de faire comme si de rien était disparaissait au profit de l'envie de courir très loin pour oublier cette infernale vision.
Les larmes coulaient sans discontinuer sur mes joues alors que je me précipitais en direction du parc, je courais entre les arbres encore en fleur, me prit le pied dans une racine, tombait... Mon corps n'était animé d'aucune envie de me relever, je restais là à sangloter bruyamment, il n'y avait personne pour m'entendre ici et puis si il y avait quelqu'un je n'en avais vraiment que faire de lui! Je ne sais pas combien de temps s'écoula avant que je ne parvienne à me calmer, je pris un mouchoir dans ma poche pour essuyer mon visage en me relevant. J'avais soif après avoir tant pleuré, je me dirigeais d'un pas hésitant vers la fontaine à eau potable la plus proche pour y boire. Je réalisais alors qu'il y avait finalement bien quelqu'un, ici, dans ce parc, à presque trois heures du matin. Un peu plus loin j’apercevais la silhouette d'un homme bien plus grand que moi. Ce devait être un hybride qui avait perdu son toit... Je supposais. Si tel était le cas je pouvais le mener dans un endroit plus sur. Ça l'était sans doute, quel humain traîne dans les parcs à des heures si tardives? ... A part peu être un psychopathe en mal de jeunes filles naïves et sans défense à égorger? Heureusement, je n'en étais pas une.
Le printemps suivait son cours. Ma « liberté » ne me pesait plus autant qu’au début. Plus le temps passait, plus Sofia et moi apprenions à vivre l’un avec l’autre. Normal jusque là. Mais j’avais encore un peu de mal à me confier, à lui raconter des choses sur moi, même banales. Le fait que nous partagions un peu de musique ensemble nous avait un peu rapprochés mais sans plus. Quand nous sortions la semaine pour son travail, je me contentais de rester dans mon rôle de garde du corps et assistant. Parfois, c’était un peu ennuyeux mais il arrivait que certaines affaires à résoudre soient intéressantes. Je ne connaissais pas ce milieu avant de tomber sur Sofia. Je n’aurais jamais eu l’idée de faire ce genre de travail mais maintenant que je l’expérimentais, c’était toujours plus instructif que les entraînements au combat. Ou disons que ça changeait un peu. Les enquêtes me faisaient voir les gens sous différentes facettes, m’aidaient à analyser certains comportements, à adopter la meilleure attitude pour obtenir le plus d’informations de leur part. Bon, de mon côté, je servais surtout à les impressionner grâce à ma carrure. C’était surtout Sofia qui parlait. Et de toute façon, ça me convenait. Je préférais largement observer. Ce qui était quelquefois gênant, c’était quand nos interlocuteurs pensaient que nous sortions ensemble, ou même que nous étions mariés. Je ne comprenais pas vraiment car nous n’avions pas du tout l’air d’un couple. Pour moi, ça semblait inimaginable. Elle était juste… Euh… Je ne savais même pas lui trouver de qualificatif. Nous avions presque inconsciemment banni les mots « maîtresse » et « esclave » de notre vocabulaire parce que nous ne vivions pas de cette manière. Simplement comme deux personnes partageant la même maison. J’étais d’ailleurs toujours surpris de l’entendre dire « notre maison » et pas « ma maison ». L’estime qu’elle me portait me perturbait… En tout cas, tant que je ne faisais pas de crise, tout allait bien. Aujourd’hui, nous n’avions pas eu grand-chose à faire. La journée avait été un peu barbante, j’avais besoin de bouger un peu. Alors je fis un peu de sport dehors avant que le soleil se couche. Le soir, Sofia insista pour que nous regardions un film ensemble. Je n’avais pas très envie et préférais lire mais finalement, le film s’avéra plutôt accrocheur et je regardai jusqu’à la fin, alors que la demoiselle piquait du nez après une heure. Quand elle partit se coucher, j’allai d’abord fumer une cigarette sur le toit avant de rejoindre ma chambre également. Cependant, impossible de trouver le sommeil. J’avais pourtant fait en sorte de me dépenser un peu avant mais visiblement, ça ne fonctionnait pas. Il était près de deux heures du matin quand je me retournai pour la vingtième fois pour essayer de trouver la position qui m’aiderait à trouver plus vite le sommeil. Agacé, je finis par me lever. Depuis mon escapade nocturne pour récupérer le violon de ma mère chez ma cousine, je n’étais plus sorti en ville de nuit. C’était pourtant plutôt agréable de parcourir les rues sombres et silencieuses. Pourquoi ne pas retenter cette nuit ? Il me semblait que Sofia ne m’avait pas donné d’horaire de sortie, je pouvais faire comme je voulais. Décidé, je m’habillai, enfilant un pantalon et des chaussures confortables, ainsi qu’un simple tee-shirt. Je n’étais pas frileux et il faisait bon. Je rangeai un paquet de clopes dans ma poche, sortis de la chambre puis de la maison. La ville n’était pas très loin. Et puis un peu de marche faisait du bien. J’évitai de passer devant la demeure des Inoue. J’en avais fait beaucoup trop le tour la dernière fois et peut-être que quelqu’un s’attendait à m’y revoir. De toute façon, je n’avais plus rien à y faire. Au bout d’une bonne dizaine de minutes, j’arrivai devant l’entrée d’un parc. Parfois éclairé d’un lampadaire sur le chemin qui le traversait, il semblait totalement vide. J’y pénétrai d’un pas lent, attentif au moindre bruissement suspect. Je ne craignais rien en particulier. Même si quelqu’un du camp me trouvait ici, ils étaient censés savoir que j’appartenais à Sofia. Après, rien ne les empêchait de m’emmerder… Alors je restais sur mes gardes. Je fis le tour de l’endroit en prenant mon temps. Il devait bien s’être passé une heure, ou pas loin. En m’arrêtant devant un grand arbre aux branches hautes, une idée me vint : au camp, pour évaluer mon habileté, on me faisait courir face à un pilier muni de barres plantées parallèlement, et je devais essayer d’atteindre les plus hautes rien qu’avec la vitesse et les bons appuis. Cela faisait longtemps que ne ne m’y étais pas essayé. Chez Sofia, il n’y avait pas d’arbre assez haut pour ça. Motivé, je m’échauffai un peu, histoire d’éviter les accidents. Durant cet échauffement, je crus entendre une voix, ou peut-être des sanglots, au loin. Je n’en étais pas sûr. Je n’y fis pas très attention, ça ne me concernait pas. Une fois prêt, je commençai facilement. L’avantage, c’était que je demeurais déjà assez grand pour atteindre les branches qui se trouvaient à une hauteur de deux fois ma taille. Mais il me semblait que je faisais beaucoup mieux avant. Je devais être rouillé depuis. Je cherchai donc un autre arbre, déterminé à m’évaluer. En me déplaçant un peu, je vis soudain une petite silhouette près de la fontaine à eau, qui s’abreuvait en me tournant le dos. D’ici, je ne voyais pas si cette personne était humaine ou hybride mais peu importait, du moment qu’elle ne venait pas me créer des problèmes. Pas vraiment désireux d’aller engager la conversation avec un inconnu, je poursuivis ma quête. Repérant un autre arbre bien solide et aux branches élevées, j’y fis face. Si je n’y arrivais pas aujourd’hui, j’aurais l’impression d’avoir raté quelque chose. Ce serait trop frustrant de repartir d’ici sans y être parvenu. Au premier essai, il manquait bien vingt centimètres avant de pouvoir toucher la première feuille. Au deuxième, j’y étais presque. Le troisième serait le bon. J’étais sûr d’y arriver au moment où je pris mon premier appui sur le tronc. L’écorce était bien rigide sous mes semelles et me permit de m’élancer plus haut. Malheureusement, je dérapai sur le deuxième appui. Je pus m’accrocher à la branche mais mes doigts glissèrent.
- Bordel de m…
Je tombai lourdement au sol, face contre terre.
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Lun 8 Juil - 0:06
Rencontre curieuse sous la lune et les cerisiers
Je décidais de faire fi de la présence du mystérieux inconnu et de ne m'occuper que de ce que j'avais à faire en restant tout de même sur mes gardes au cas où il fut dangereux. Retenant mes cheveux d'une main, je me penchais au dessus de la fontaine d'eau potable pour y boire et en profitait pour m'humidifier le visage afin de me rafraîchir les idées... Je retrouvais peu à peu la réalité, et je me résiliais surtout: je ne reverrais plus jamais Gabriel, et c'était uniquement de sa faute. Il avait joué au plus malin avec le destin et avait fini sa course en fumée comme il se doit. Qu'y avait-il à ajouter à cela? Je ne pouvais pas en souffrir éternellement... Ce serait lui donner trop d'importance. Après tout ce n'est qu'un humain. Avant lui je pensais que les humains étaient tous mauvais, il avait démontré en agissant de la sorte qu'il n'était pas différent de ses congénères puisqu'il avait lui aussi sa part d'obscurité... Celle-là même qui le mena à sa perte. Il n'y avait pas d'humain qui mérite que je change d'avis pour lui, c'était ce que j'avais décidé de penser. Cela diluait un peu ma peine. Je me redressais, jetais un coup d’œil alentour et entreprenait de quitter le parc pour m'en retourner à la ville souterraine avant les premières lueurs du jour qui étaient dangereuses pour mes pauvres yeux d'animal nocturne. Que faisait mon mystérieux inconnu? Me demandais-je en traversant une allée. Je n'allais pas tarder à avoir ma réponse puisqu'un grand bruit se fit entendre. Une branche d'arbre qui se secoue brusquement et un objet lourd qui chute sur le sol. Un objet lourd ou une personne! Je l'entends jurer alors que je m'approche. Que faisait-il? Je l'ignorais. Il devait s'essayer à la grimpette. C'était quoi exactement? Un chat défectueux? Pour quelle raison grimperait-on dans un arbre à une telle heure de la nuit? Toujours en gardant à l'esprit qu'il s'agissait sans aucun doute d'un hybride puisque les humains du coin craignaient trop les rebelles pour se promener à pareille heure, j'allais à sa rencontre. Et puis, même si c'était un humain, cela me laissait peu être une chance de rentabiliser ma nuit. - Rien de cassé? Fis-je en arrivant à proximité de l'individu encore à terre. Pas d'oreilles touffues, ni de queue ou d'ailes... Il ressemblait beaucoup à un humain mais il y avait encore un peu de chance qu'il fusse un hybride. Temps que je n'en étais pas sure je ne pouvais décemment pas le laisser là. Imaginons qu'il soit bien perdu, qui tente de résister à un chasseur et se fasse abattre! Ce serait entièrement de ma faute si cela venait à arriver! ... Bien que les hybrides qui ont la chance de ne pas avoir de signe distinctifs soient plus chanceux que ceux comme moi à ce sujet. Si c'était un humain, en revanche, je viderais ses poches sans scrupule et il l'aura mérité. ---
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