Hyperactivité contre antipathie (PV : Julia)

Aujourd'hui, c'était jour de repos. Pas parce que j'en avais trop fait ces derniers temps, mais parce que c'était comme ça chaque semaine. Il y avait toujours un jour où je ne travaillais pas. Chose que j'avais négocié avec mes supérieurs, poussée par mon médecin. De toute façon, sans ça, il ne m'aurait jamais laissée retourner travailler en tant que hunter. Donc je n'avait pas eu le choix.

Mais même si je n'avais rien à faire, j'avais quand même décider d'aller que QG. Sans avoir besoin de courir partout, je pouvais bien donner un coup de main à ceux qui s'occupaient des hybrides turbulents. Apparemment, j'étais douée pour les remettre à leur place. Avec ma grande gueule et mon antipathie, ce n'était pas bien compliqué. Puis beaucoup d'hybrides là-bas étaient juste des petits emmerdeurs, pas des vrais rebelles.

J'avais tout de même pris ma matinée à être tranquille, faisant un coup de ménage dans l'appartement. Il avait fallu changer complètement la cage de Vivi aussi. Pour éviter que ce filou ne se fasse la malle, je l'avais mis dans sa boite de transport. Le connaissant, j'aurais du aller le chercher sous je ne sais pas quel meuble sinon.

Une fois le ménage terminé, et mon lapin rentré dans sa cage, j'avais rapidement mangé les restes avant de sortir. Mes supérieurs allaient peut-être criser en me voyant, mais tant pis. Pour une fois que je ne venais pas en insistant pour chasser des hybrides. Juste donner un coup de main au camp. Ce n'était pas compliqué, et pas trop physique. Je ne devrais pas avoir de problèmes pour ça.

Le gros hic, c'était de devoir passer au moins par un bout de forêt pour rejoindre le QG. Ça n'aurait tenu qu'à moi, je l'aurais fait déplacé loin de cette horreur. Mais le principe, c'est que le camp était fait pour être à l'écart. Donc je devais faire avec. Normalement, tout irait bien. Je devais juste marcher un peu dans la forêt, il n'allait rien m'arriver.

Je finis par arriver au lieu que je cherchais. Tout s'était bien passé, pas de problème à l'horizon. C'était une soulagement d'être enfin arrivée. Levant la tête, j'aperçus quelqu'un un peu devant l'entrée. A vu de nez, c'était une jeune femme humaine, qui avait l'air hésitante. Elle voulait quoi ? Récupérer un hybride ? En m'approchant, il me sembla la reconnaître. Elle était pas déjà venue chercher cette neko rousse ?

Si cette rouquine emmerdeuse était encore là j'allais péter un câble. Je n'en pouvais plus de celle-là. Un peu sur les nerfs, je m'approcha de la jeune femme.

-Eh toi, t'es venue récupérer l'autre emmerdeuse ? Elle est encore ici ?

Avec le ton que j'avais employé, je m'attendais presque à la voir partir en courant. En même temps, j'avais tendance à faire fuir toutes les personnes qui ne me connaissaient pas. Vu comment j'étais sympathique, c'était un peu normal. Hormis Vivi, personne n'avais vraiment envie de me fréquenter.

Je me détendis légèrement en l'entendant. La peste n'était pas de nouveau au camp, tant mieux. Elle s'appelait Ellen si j'en croyais ce que disait la blonde. Je n'avais jamais cherché à connaître son nom. Pour moi, elle était juste la neko rousse et chiante. Au moins, la prochaine fois, je pourrais l'appeler par son nom. Même si ça ne changeait pas grand-chose.

Bon du coup... Elle foutait quoi ici miss la protectrice d'hybrides ? En dehors des hunters et ceux qui travaillaient au camp, quasiment personne ne s'approchait. Hormis quelques rebelles un peu fous, ou des humains pour une urgence. Mais elle n'avait pas l'air d'être paniquée ou quoi, donc ce n'était pas pour ça.

Une expression de surprise s'afficha sur mon visage en entendant la suite. Elle était super amie avec une hybride, avait l'air plutôt de leur côté, mais elle s'intéressait aux chasseurs. Elle avait pas le profil d'une chasseuse quoi. Mais je pouvais pas juste la rembarrer comme ça. Au pire, juste répondre à ses questions, ça ne coûtait rien.

-T'es consciente que t'es pas taillée pour ce métier ? Quand on est ami avec les hybrides, en général, ça fait pas bon ménage. Enfin, si tu veux juste des infos, je peux toujours te répondre.

J'allais lui répondre, mais si je pouvais lui faire comprendre que c'était pas pour elle au passage, c'était mieux. L'amitié avec les hybrides n'était pas totalement incompatible avec le métier, mais dans son cas si. C'était clair que, si elle devait gérer la rouquine, elle aurait jamais le courage de la remettre à sa place.

En soi, moi-même j'avais rien contre les hybrides. Ils m'avaient rien fait de personnel. Je les traitais pas spécialement bien, mais pas spécialement mal non plus. En même temps, je traitais personne bien. Ça facilitait les choses. Hybride ou humain, je m'en foutais royalement. Quoique, les rebelles et les nobles avaient le don de m'énerver sérieusement.

Je voyais la blondinette assez mal à l'aise, peut-être timide de ce qu'elle disait. Elle devait avoir peur de la réaction de l'autre Ellen. Enfin, ça c'était pas mon problème. Lâchant un léger soupir, je reposa mon regard sur elle.

-Comment tu t'appelle ? Je vais pas te parler en disant tout le temps toi. Moi c'est Luz.

Pour quelques questions, je n'allais pas faire ma mauvaise tête. Elle était là de toute façon. Je n'allais pas non plus l'inviter au QG autour d'un café. Mais on pouvait rester là le temps qu'elle prenne deux ou trois infos. Même si elle n'allait clairement pas devenir chasseuse comme ça. C'était pas fait pour elle, clairement.

J'avais déjà répondu à des questions sur mon métier quelques temps avant. Pour une écrivaine, Konatsu Asuka. Ou un truc du genre. Je n'étais pas allée à l'interview de bonne humeur. Mais au final, ça s'était bien passé. Beaucoup mieux que ce que j'avais imaginé. Même si je détestais toujours qu'on m'est envoyée pour une mission comme ça.

Là, je voulais bien être gentille. Juste pour une fois. Elle était pas méchante, elle avait pas demandé à tomber sur moi. Je n'allais pas la renvoyer chier. Peut-être que les cours de Travis portaient leurs fruits. Je devenais plus supportable. Enfin, un peu. Y avait encore beaucoup de progrès à faire, ça c'était une évidence.

Ophélie donc. C'était mieux que toi ouais. Quitte à discuter un peu, autant connaître le prénom de l'autre. Elle était pas journaliste je crois. Enfin j'espérais. Sa tournure de phrase me mettait le doute. Mais non, elle l'aurait dit si c'était une interview. Et là je l'aurais envoyée voir quelqu'un d'autre. Non, c'était juste une curieuse.

Au moins elle savait déjà que ce n'était pas un métier pour elle. Un bon début, je n'avais pas besoin de lui expliquer pourquoi. Sa première question ne m'étonna pas plus que ça. Elle aimait les hybrides, et je lui avais dit que c'était pas compatible. Alors elle se renseignait sur c'était une généralité la haine des hybrides.

J'étais un bon exemple pour lui dire que non, on ne haïssait pas tous les hybrides. Je m'en foutais un peu d'eux. Ils étaient juste là. Mais j'avais mes propres raisons d'être là. Qu'elles soient bonnes ou mauvaises.

-Non, c'est pas une généralité. Y en a qui aiment vraiment pas les hybrides. Et y en a qui ont d'autres raisons. Chacun fait ça pour sa raison quoi.

Les braconniers étaient souvent pires que nous avec les hybrides. Nous, on devait les respecter un minimum. Enfin ne pas trop les abîmer. Les animaleries n'aimaient pas la marchandise défectueuse. On faisait un peu attention à eux en les chassant. Même si certains étaient plus impulsifs que d'autres.

-Après je dis ça, je connais pas de vrai ami des hybrides dans mes collègues. Tu peux pas être chasseur et défendre leurs droits, ça va pas ensemble.

Qu'est-ce que je foutais encore là ? Je devais vraiment être dans un bon jour. Mais elle avait intérêt à se dépêcher la curieuse. Je voulais bien répondre à quelques questions. Ce n'était pas la première fois que ça m'arrivait. Je préférais toujours envoyer mes collègues si possible, mais là il n'y avait que moi. En prime, je me tapais l'amoureuse des hybrides. C'était le pire genre sur qui tomber. Ceux qui disaient tous le temps qu'il fallait être gentil avec eux, pas les maltraiter. Ils me donnaient envie de vomir, comme les écolos. Ouais, les pires vraiment.

Et ça se voyait dans ses questions. C'était pas tourné autour du métier, mais de la relation avec les hybride. En quoi ça l'intéressait ? C'était pas comme si elle allait pouvoir changer les choses. Que ça lui plaise ou pas, y aurait toujours de chasseurs. Fallait bien ça pour pas que les hybrides se mettent tous à fuir. J'avais rien de spécial contre eux. Leur esclavage, ça me dérangeait pas particulièrement. J'avais grandi dans ce système après tout. Et je ne voulais pas spécialement voir des hybrides libres courir les rues.

Je mis quelques secondes, avant de faire monter sa question au cerveau. Sérieusement ? En quoi ça la concernait ? Non, là, je pouvais plus. Si elle voulait des réponses à ce genre de chose, elle allait voir ailleurs. Déjà, ça me regardait moi. Et après, je voyais pas le rapport avec de la curiosité sur les hunters. En fait elle était juste venue se faire son écolo et dire c'est pas bien. Pourquoi je me récoltais les cas comme elle...

-C'est quoi cette question ?

Plus question de sympathie. Je n'avais même plus envie de faire semblant. Est-ce que j'avais des regrets de faire ce métier ? Non. Je ne pensais pas avoir quelque chose à me reprocher. Je n'étais pas tendre avec les hybrides, mais au moins, je les ramenais entier. Niveau violence, j'avais des collègues pires. Bien pires. Et je ne cautionnais pas vraiment leurs actions à ceux-là. Les hybrides, ils devaient quand même être vendus après. Si ils étaient amochés, ça faisait une mauvaise pub.

-Écoute, je sais pas ce que t'es venue faire ici, mais tu pourra rien changer. Y aura des hunters, toujours. Sinon on peut aussi laisser les rebelles prendre le pouvoir hein. Mais dans ce cas-là ne vient pas te plaindre quand tu sera devenue le jouet d'un hybride.