Come to me, my lovely fly... END

C'est en 20128 par une douce nuit d'automne que Kyo ouvris ses quatre petits yeux dans le nid douillet de branches de feuilles et de soie qu'avais construit sa mère, au cœur de la canopée du bois de Nékai . Très tôt le petit blond se montra très curieux, toujours à poser des questions, à commencer par demander à sa mère où était son père, une question qu'elle éludait un air triste sur le visage. 


Dans ses souvenirs, sa mère était d'une beauté sans pareil, avec sa peau blanche et ses longs cheveux noir, toujours calme et douce, sa voix emplie d'une immense sagesse.  A en croire les rumeurs, elle était une sorte de sorcière, ou de guérisseuse, il ne savait plus trop, la plupart des autres hybrides avaient peur d'elle et des gens de leur espèce, du moins d'après ce qu'elle lui avais dit. Et c'était bien ainsi disait-elle, car personne ne viendra déranger quelqu'un que l'on prend pour un monstre, de fait il n'y avais quasiment jamais de visite chez eux.


Mais chaque fois quelqu'un avais le courage de venir frapper à sa porte, elle l'accueillait toujours chaleureusement, servant le thé, dispensant des remèdes, tissant des habits ou des couvertures pour ceux qui avaient froid, ne demandant le plus souvent rien, si ce n'est de quoi manger. Il se souviens aussi et surtout des histoires qu'elle passait son temps à lui raconter, des mythes et légendes de leur peuple, et des autres, des histoires vrais et d'autres un peu moins, mais toujours empruntes de rêves et de poésie, des histoires qu'il à mémorisé à la virgule prêt tant il les aimait. Il faut dire qu'elles constituaient l'essentiel de ses distractions à l'époque.


Car c'est dans le cocon familial que Kyo passa les dix premières années de sa vie, ne sortant que très peu, le plus souvent quand sa mère dormait pour regarder au loin, du haut de son perchoir les milliers de petites lumières de la grande ville qu' on pouvait voir au loin.


Cette "ville", sa mère lui en avait parlé, tout comme elle lui avait parlé de ceux qui l'habitait, ceux qu'on appelait les humains, les esclavagistes, les tueurs, les monstres. Il avait entendu les rares amis que sa mère recevais parlé des soulèvements des hybrides se rebellant contre leurs maîtres, puis des différentes bandes se battant entre elles, du chaos qui régnait, de ces fermes où l'on produisait des hybrides à la chaîne, des rafles organisées par des chasseurs dans les bois et ailleurs. Mais étrangement, bien que toutes ces histoires terrifiait Kyo, une part de lui ne pouvais s'empêcher de se demander qui étaient ces humains, à quoi ils ressemblaient, s'ils étaient tous si méchant, et plus généralement de voir le monde au delà de la cime des bois. Ainsi, les années passèrent et devenant peu à peu un jeune homme, Kyo commença à s'aventurer hors du nid de plus en plus souvent, et de plus en plus loin. Jusqu'à ce qu'une nuit, finalement alors qu'il avait tout juste douze ans il tomba sur une de ces fameuses fermes.


Malgré le danger, la tentation et la curiosité étaient trop fortes, et Kyo revint, nuit après nuit, s'approchant toujours un peu plus prêt, tentant même de discuter avec les quelques hybrides qu'il apercevait parfois derrière la clôture. Et évidement arriva ce qui devait arriver, une nuit ce fût la fois de trop, s'introduisant dans la ferme pour aller voir ceux qui y était détenu Kyo fini par se faire prendre, et compris combien tout ce qu'on avait pu lui raconter était vrais. Pire encore, du fait de son caractère "exotique" les propriétaires espérèrent en tirer un bon prix. Aussi s'appliquèrent ils à faire du jeune garçon un parfait esclave plus encore qu'avec les autres captifs. Il connu le fouet, les brimades, les privations, et quant enfin sa volonté fût brisée au bout de quelques mois Kyo finis par abandonner tout espoir, se résignant à son sort.


Hors, comme par un coup du destin, un gros bonhomme moustachu se présenta un jour à la ferme accompagné d'une superbe jeune fille qui avait à peu prêt le même âge que Kyo. après avoir passé en revu l'ensemble des pensionnaires, l'air grave, il s'arrêta devant la cage de l'araignée. Alors qu'il s'attendais à ce qu'il passe son chemin comme tant d'autre avant lui, l'homme resta devant la cage tandis que celle qui semblait être sa fille s'assit plus prêt encore. D'abord méfiant et craintif, Kyo ne su que rester au fond de sa cellule,se faisant aussi menaçant que possible, mais alors le père de la petite lui dit quelque chose qui changea à tout jamais sa vie.


"Tu as surement dû voir le pire de l'humanité ici, j'aimerais pouvoir effacer tout ce que tu as subi, mais je ne le pourrais pas, tout comme je ne pourrais jamais te demander de nous faire confiance. Mais si tu accepte de donner une seconde chance aux humains, alors nous t’emmènerons loin d'ici et plus jamais tu n'aura à subir ce que tu as vécu ici. 


Le garçon hésita longtemps, tiraillé entre ses horribles souvenirs entre ces murs, et la douceur qui émanait du regard des personnes se tenant devant lui. Alors, pour toute réponse, il avança à tâtons vers la jeune fille qui lui souriait. Leurs regards se croisèrent quelques secondes. Puis elle lui pris la main, et la nouvelle vie de Kyo commença.


Il s’avéra que son bienfaiteur, Mr Hiyo, était un homme extrêmement riche qui habitait avec sa fille Yuka dans un immense manoir en périphérie de la capitale. Alors qu'il s'attendait à une vie de servitude dorée en tant que domestique, Kyo fût des plus surpris : il y avais bien  des domestiques oui, mais tous étaient humains et semblaient être là de leur plein gré, et plus étonnant encore ils étaient à son service et pas l'inverse ! il n'en croyait pas ses quatre yeux. Et Mr Hiyo avait tenu parole, il avait adopté Kyo comme un membre à part entière de la famille, lui fournissant tout ce dont un garçon de son âge rêver, lui offrant une éducation digne d'un parfait gentleman, lui permettant de lentement mais surement de s'ouvrir au monde.


Ainsi, notre araignée passa de longues heures dans la bibliothèque du manoir, à étancher sa soif intarissable de connaissance au côté de son tuteur, appris de nombreuses choses au prêt des différents domestiques, quant il ne passait ses journées à jouer et discuter avec Yuka avec qui il s'était bien vite lié d'amitié. Les années passèrent, et il ne fallu pas longtemps pour que les deux jeunes gens tombent amoureux l'un de l'autre, progressant à leur rythme dans une relation qui avait tout d'un des contes que la mère de Kyo lui racontait enfant, ces mêmes contes qu'il racontait à Yuka chaque soir avant d'aller dans leurs chambres, et qu'il continua de raconter quand ils n'en partagèrent plus qu'une seule.


Devenus de jeunes adultes, et étant ensemble depuis déjà longtemps, il arriva forcement un jour où les baisers se firent plus suaves et les étreintes plus brûlantes. Mais alors que Yuka et Kyo vivait une idylle parfaite durant leur première nuit d'amour, tout bascula. La vue de Kyo se troubla peu à peu, puis, tout devint blanc. Cela n'avais semblé n'avoir qu'un instant, mais lorsqu'il revint à lui c'est sur le corps nu et inerte de sa bien aimée qu'il se tenait, pétrifié d'effroi.
La peau de Yuka, qui était encore si douce il'y a peu était criblée de marques de crocs, de griffes et de coups divers ,donnant un aperçu macabre de l'horreur qu'avais subi la belle avant de rendre son dernier souffle une expression de terreur et d’incompréhension crispant son visage à jamais. Horrifié, et paniqué par ce qui venais de se produire, l'esprit du pauvre garçon se brisa, et sans qu'il s'en rende compte il s'était déjà enfuis au loin, comme rendu fou de douleur.


Des semaines durant Kyo erra sans vraiment savoir où aller, ni même où il se trouvais, échappant aux différents chasseurs en camouflant son apparence du mieux qu'il pouvait. Alors qu'il allait sans but, une chose terrible le frappa, comme une évidence, une tragique révélation. Cette question que sa mère avais évité, la tristesse dans son regard chaque fois que le sujet de son père était évoqué, enfin il comprenait, il avais probablement subit le même sort que Yuka. Il devait en avoir le cœur net, comprendre ce qui avais pu lui arriver.


Après un moment qui lui avais semblé une éternité, notre ami retrouva enfin sa forêt natale. Hélas, il ne trouva qu'un nid vide, usé par le temps, qu’espérait il après tout, lui qui était parti depuis si longtemps. Mais au moins, il était revenu, retrouvant cette place qu'il n'aurais jamais dû quitter.


Épuisé et abattu, Kyo consolida ce qui restai du cocon, et s'y installa durant deux longues années, n'en sortant presque jamais comme lorsqu'il était enfant. Mais alors qu'il se morfondait au fond de son antre, une voix, une sensation, quelque chose germa dans l'esprit de Kyo, quelque chose qui le poussait à aller de l'avant, quelque chose au fond de lui lui intimait que sa place était ailleurs et qu'il était tant qu'il commence à vivre pour lui et lui seul. Alors, comme après une longue hibernation notre araignée quitta sa toile pour la dernière fois, et n'y revins plus jamais. Et c'est vers la ville que ce second souffle emporta le jeune homme, cette fameuse ville qui naguère l'obsédait tant.


Se laissant guider par le vent, c'est en pleine nuit, à l'abri des regards qu'il découvrit une petite maison délabrée cachée au cœur des faubourgs de la capitale. Après quelques menu travaux Kyo était prêt à démarrer une nouvelle vie. Comme sa mère avant lui il vivra reclus, à défaut de pouvoir soigner les visiteurs que le destin lui enverra c'est par son talent pour la couture qu'il leur rendra service, et ainsi, un jour peut-être sera il réellement un homme nouveau. Telle était sa décision.