Une machette aussi tranchante que ma répartie - Neil

Je les entends encore dans mes cauchemars, très souvent. De quoi je parle ? Des tambours, des sermons dans des langues que je pensais ignorer, quand je ne prenais pas de coup. Je suis un soldier après tout, alors que l'on sache que j'ai été leur petit chien chien pendant très longtemps, ça ne surprendrait personne. Les humains n'ont pas de sympathie pour nous, et encore moins les hybrides. On est leur ennemi, ceux qui ont retourné leur veste. Pour être franc, si je dois tuer un hybride pour vivre, je le ferai. Je regrette que l'on m'ait enlevé la véritable once d'humanité qui savait me différencier de cette masse de débile qu'on appelle soldier. Je sais que ça va paraître assez étrange, mais bien souvent, j'aurais aimé ne pas connaître tout le savoir-faire pour ce qui est de tuer, torturer et blesser les autres. Enfin, non, ce n'est sans doute pas si étrange, mais voilà. Qu'un bâtiment, une ruelle ne soit pas un endroit de mort, mais simplement un endroit de passage à mes yeux. J'en ai marre de tout voir comme un chasseur, un prédateur à l'affût de la proie. Alors, peut-être que bon nombre de soldier s'amusent de leur situation voir jubile à de faire ça, mais pas moi. C'est sans doute dans ma nature de hyène de ne pas vouloir être le dominé, mais plutôt le dominant, sauf que vu ma taille. Je divague depuis tout à l'heure, mais vous voulez sans doute savoir ce qu'il en est du traitement que j'ai subis et ce que je suis actuellement ? Le contraire m'aurait étonné tiens. Les humains sont pires que les charognards comme moi, vous êtes encore plus amateur de chair fraîche.

Autant revenir au commencement de ce que je suis. Je suis incapable de me rappeler des quelque année suivant ma naissance ni de mettre un nom sur mes parents. Je suis sûr d'avoir été enfanté, mais impossible de savoir par qui, quand et où. De toute façon, le contraire autant été surprenant. Je ne suis pas apparu dans le QG par miracle ou venu encore du ciel. Très tôt, ils n'ont pas hésité à me faire marcher au pas quitte à devoir en venir aux mains et à me rouer de coups. Je ne compte pas les os que l'on m'a volontairement cassés ni combien cela m'a laissé des séquelles, même si cela n'a fait que me renforcer. On devient malgré soit plus résistant à force de prendre des coups ou du moins, on les assume plus facilement. À l'heure actuelle, si on me gifle, je crois que je ne bronche même plus, par contre, je rends. Il ne faut pas déconner, je suis tout sauf un défouloir. De toute façon, je crois que les Hunter le savent bien plus qu'on ne le pense. Ils nous font subir les pires choses pour nous faire devenir des soldiers obéissants et impitoyables, donc ils savent que si l'on nous pousse trop, cela pourrait représenter un réel danger. Pourquoi donc ? Oui, ils sont armés, mais allez frapper un tigre des années et tourne-lui le dos une seule fois, nous verrons qui restent en vie entre le tigre et l'homme. Bon, c'est évident que nous les soldiers savons que les hunters peuvent très bien nous exécuter si cela leur chante, même s'ils ont besoin de nous. En vérité, je crois que notre condition, c'est un peu un jeu du chat de la souris. On a besoin des hunters qu'on le veuille ou non et c'est pareil dans l'autre sens. Ils nous évitent de finir par nous faire tuer par les Revengers qui savent notre place tout en apportant aux hunters notre savoir et notre condition. Personne d'autre que des hybrides peuvent se fondre parmi les hybrides. Même si je pense que dans notre comportement, on ne se pose pas là. Je serais incapable de parler du beau temps et de ce que j'ai mangé à midi comme un hybride sans emprise des hunters.

Je divague encore, mais pour en revenir à ce que j'ai subis, ils n'ont pas été tendres le moins du monde. Brulure de cigarette, privation de repas, coup par dizaine chaque jour, insultes et j'en passe. C'était comme s'ils voulaient faire de moi leur petite machine à tuer sur pattes et au final, je crois qu'ils ont réussi. En plus de me mettre de dangereuses armes dans les mains dont je suis devenu sans doute un as avec. Des Khukuri, armes africaines si j'en crois toute la culture qu'ils n'ont pas cessé de me bourrer le crâne et qui était la leur. Je ne sais d'ailleurs toujours pas à l'heure actuelle d'où venaient mes tortionnaires et dompteurs. Autant employer les mots justes, ils ont fait de moi un hybride obéissant et tueur, donc ils m'ont dompté. Une hyène qui marche au pas, je m'en dégoûterais presque rien que d'y penser. Pourtant, j'ai appris certaines choses utiles et qui avaient réellement un impact positif sur moi. Au milieu de la brutalité, de la rage et du sang, j'ai appris à comprendre une culture que je ne connaissais pas. J'ai appris plusieurs dialectes, des croyances qui n'auraient pas leur place si facilement à Nekai et j'en passe. Je sais parler le swahili ou encore fabriquer moi-même mes armes, chose que je ne pourrais pas entendre parler à Nekai, mais très facilement en dehors. J'en viens à me demander ce qu'il y a en dehors de Nekai, dans le reste du monde. Cela contredit assez facilement le fait que je sois leur petite machine à tuer, mais ils m'ont malgré eux ouverts des portes comme celle de la curiosité ou du souhait de vouloir en savoir plus. Je doute de trouver une âme charitable chez les hunters qui puissent m'en apprendre plus, alors je vais tenter de le faire moi-même, si j'ai du temps libre. Enfin, je n'ai pas les images des hybrides que l'on m'a forcés à tuer de sang-froid et tout ce sang que j'ai sur les mains depuis le temps.

On ne peut pas dire que je sois quelqu'un de bon, mais ceux qu'ils faudraient blâmer ont pour la plupart comme seule vie que celle de former des soldiers, rien de plus. Je me doute que dans le fond je ne vous en apprends pas tant que ça sur ma vie, mais c'est dans mes principes. Je ne veux pas tacher les autres avec ce qu'il m'est arrivé. Personne ne devrait connaître ça ou en entendre parler. Est-ce que j'ai des regrets ? Un nombre assez important en commençant par celui de ne sans doute jamais savoir ce que ça donne de vivre paisiblement et sans remords. On est tous élevé comme du bétail, roué de coups, d'injure pour notre soit disant bien. Mes cicatrices, mes cauchemars, tu parles d'un bien. Savoir tuer de plus d'une dizaine de façon une personne ou encore de s'infiltrer dans un lieu précis en neutralisant les menaces, cela n'a rien de quelque chose de bien. Je pourrais tuer le hunter qui passe à ma portée, mais cela reviendrait à me tuer moi-même. Aucun d’entre eux ne laisserait un soldier tuer l’un des leurs. Je ne sais pas ce qu’est l’avenir d’un soldier et je crois que je n’y pense pas. C’est sans doute mieux de simplement vivre en suivant les ordres et d’aviser avec le temps. Il aura bien un jour où je ne serais plus utile ou la personne qui aura ma charge ne me voudra plus. D’ici là, je vais devoir aller m’entraîner. Désolé ne pas offrir un grand portrait de moi, mais parler de moi, c’est sans doute ce que je déteste le plus. Un dernier conseil : ne m’approchez plus, on ne sait jamais si vous ne finissez pas par être sur ma liste de personne à tuer, ce serait dommage.