FLASHBACK | When I met you ▬ Ft. Heaven

C'était un matin normal dans le camp des New-Kemonos du temple, un matin sans lever de soleil et sans café Grand-mère. Un nouveau venait d'arriver dans le camp et il ne faisait clairement pas l'unanimité au sein des membres du groupe. Ce qui n'était pas sans me rappeler une situation que j'avais déjà vécu il y avait de cela quelques années.
C'était aussi un matin où j'avais été réveillé par l'agitation dans le campement. J'avais grommelé un petit peu, enfilé un vieux jeans et une chemise à carreaux, vissé ma casquette sur ma tête et était sorti de mon abri/tente/truc. J'avais rejoins le gros de la foule en me glissant entre les gros bras, profitant de ma petite taille. J'essayais d'écouter ce qu'il se disait mais je ne comprenais que quelques mots par-ci par-là. Nous avions apparemment une nouvelle venue, enfin c'était ce que j'avais compris... Et c'était une noble? Comment et pourquoi? Les nobles n'avaient pas besoin des rebelles pour vivre libre alors c'était curieux d'en voir venir ici pour autre chose que nous offrir la charité. Shad n'était pas là et les esprits commençaient à s’échauffer. Je pensais déjà à m'enfuir... Les plus gros opposants étaient déjà presque arrivés à en venir aux mains. Ça allait plutôt vite, ici... Et alors que je me glissais en dehors du groupe, je remarquais une jeune femme dans la foule. Une jeune femme que je n'avais jamais vue et qui avait cette particularité qu'elle était enceinte. Une femme enceinte au milieu d'une bagarre, cela ne me disais rien qui vaille. Courageusement, j'attrapais son poignet et fit d'une voix faussement assurée:
- On ne devrait pas rester là, c'est dangereux! Suis-moi!

C'était à l'époque où je réagissais au quart de tour pour aider les autres, souvent sans réfléchir... Cette idée m'était passée, maintenant, j'avais appris que j'étais trop faiblard pour me défendre moi-même alors encore moins les autres. Pas quand il était question de force brute. Maintenant je me débrouillais pour user de mon esprit plutôt: j'étais plus malin que fort, il fallait se rendre à l'évidence! Enfin, toujours était-il que ma naïveté de l'époque m'avait permis de sortir cette jeune femme de la situation délicate dans laquelle elle se trouvait. Nous étions sortis de la foule et avions rejoins un coin un peu plus à l'écart, au beau milieu des ruines du temple, où j'avais l'habitude de me cacher quand je voulais être tranquille. Cachés derrière le reste d'une colonne en pierre, j'avais improvisé un banc avec les matériaux trouvés sur place, ce qui rendait cet endroit un peu plus confortable.
J'observais discrètement la place, attendant que les choses se tassent pour que nous puissions sortir de notre cachette. Les autres allaient sans doute finir par se taper dessus puis finir par se rendre compte qu'ils étaient d'accords depuis le début et que tout ça n'a aucun sens. L'hybride que j'avais sauvé de cet... Embryon de bagarre virile? ... pris alors la parole pour me remercier de l'avoir tiré de là, elle n'aurait pas pu s'en sortir seule puisqu'elle venait d'arriver et ne connaissait pas grand chose de la cité souterraine. Mais surtout, elle remarqua que j'étais humain, ce qui la surprit.
- Ce n'est rien, j'ai juste fait ce que je trouvais normal... Et en effet, je suis humain. Je me suis en quelques sortes intégré au groupe. Tu as peu être eu l'occasion d'entendre parler de moi à la télé ou dans les journaux. Je suis le fils illégitime du propriétaire des animaleries de Nekai. Le rebelles m'ont enlevé il y a plusieurs années pour faire pression sur lui mais il n'a jamais bougé le petit doigt... Du coup je vis ici.
Je m'efforçais de sourire pour montrer que ce n'était pas quelque chose de grave. Je me moquais bien de ne plus vivre en haut. Ma mère était une soularde nymphomane dépourvue d'empathie, je n'avais pas d'amis et ma vie n'était qu'un éternel cycle d'emmerdement alors je ne ratais rien. Vraiment.
- Et toi, j'ai entendu que tu étais noble, mais du coup pourquoi tu te retrouves ici? ... Si ce n'est pas trop indiscret, bien sur...

La vie était loin d'être rose dans la ville souterraine, mais je ne pouvais m'empêcher de la trouver plus intéressante que celle que je menais avant. Je n'avais pas eu envie de rentrer dans les détails en racontant mon histoire, j'aurai pu parler de comment j'ai du m'élever tout seul parce que mon père en a jamais rien eu à faire de moi et que ma mère préférait se droguer et se faire sauter, raconter mon parcours scolaire désastreux truffé de sales histoires ayant trait de près ou de loin avec ce qu'on appelle couramment le "harcèlement scolaire", évoquer rapidement le fait que ma présence ici soit entièrement due au sang de ce salopard qui coulait dans mes veines et qu'avoir manqué de mourir lors de cet enlèvement avait sans doute été la plus belle chose qu'il ai pu m'arriver dans ma vie... Mais rester sur une note positive était une meilleure idée. Juste montrer que finalement ce n'était pas si grave, que je m'étais adapté... Et très vite changer de sujet.
Je lui avais demandé ce qu'il lui était arrivé comme si c'était normal, après tout je venais de raconter mon histoire... Il était vrai que cela pouvait paraître indiscret finalement... Mais nous étions à égalité comme ça. La jeune femme m'expliqua alors que sa famille avait perdu son titre de noblesse... Je savais que cela pouvait arriver, si un membre de la famille faisait quelque chose d'illégal, mais j'eu la politesse de ne pas poser plus de question à ce sujet. Elle était partie avant qu'on fasse d'elle une esclave pour protéger l'enfant qu'elle portait. C'était ce qui me troublait le plus. Je me disais "c'est comme ça qu'agit une mère", une vraie mère, par comme la mienne...
J'étais en train de rêver quand elle reprit la parole pour me donner son nom et me demander le mien. C'est vrai que je ne lui avais pas dit encore...
- J'm'appelle Mason. Enchanté. Répondais-je. Ne t'en fait pas trop pour les autres rebelles... Parfois ils cherchent juste un prétexte pour se bagarrer. Quand les chefs vont rentrer, ils vont remettre les choses en place et tous le monde te laissera tranquille. C'était pareil pour moi le jour où j'ai décidé de rester... Si t'es sympa avec eux et que tu participes aux tâches du clan à la hauteur de ce que tu peux faire, ils comprendront vite que tu es comme eux.
C'était pas encore tout à fait le cas pour moi, mais pour elle ce serait différent. Elle avait été noble mais elle restait une hybride, une des leurs... Je supposais.

Comme je l'avais dit, Heaven avait une chance par rapport à moi: elle était comme eux. J'entendais par-là qu'elle était une hybride et en théorie ici les hybrides s'entraident, peu importe ce qu'ils ont pu être par le passé... Même si il faut avouer que certains sont du genre rancunier et n'hésitent pas à exercer discrètement -ou pas- leurs petites vengeances personnelles... Mais bon, elle n'avait jamais vraiment fait de mal à qui que ce soit: elle avait juste été privilégiée un certain temps et encore elle n'avait rien demandé pour que ce soit le cas. Dans l'absolu, actuellement elle était dans le même merdier que les autres.
Elle me remerciait pour mes informations et semblait de bonne foi quand elle disait vouloir voir les chefs quand ils seront là. Je ne doutais pas d'elle, elle voulait que son bébé naisse et grandisse en bonne santé et pour cela elle avait déjà fait des sacrifices... Pour moi c'était une personne admirable. Vint alors le moment où elle me questionna sur les raisons de mon choix de rester vivre ici. Elle avait raison, ou tout du moins je comprenais qu'elle puisse se poser cette question, j'aurai pu à bien des moments rentrer chez moi la queue entre les jambes et reprendre ma vie... Enfin ça, rien n'était moins sur! Depuis le temps, ma mère avait du vendre mes quelques affaires pour s'acheter de la drogue, sous-louer ma chambre à un de ses copains louches et il y avait de fortes chances qu'elle ne sache même pas qui j'étais si je rentrais maintenant. Quant aux autres, je n'avais personne de proche... Alors, au mieux, j'aurai pu recommencer une nouvelle vie sous un autre nom, trouver un travail, un appartement, vivre comme un petit humain normal. Mais j'avais peur. Le destin était après moi, depuis toujours, pourquoi il me foutrait la paix sous prétexte que je dis "on recommence à zéro"? Non, il sera toujours là, à l'affût de la moindre de mes erreurs. Même si les hybrides me battaient parfois ils me traitaient toujours mieux que les humains, et il y avait tant de choses à découvrir ici que je n'avais vraiment aucune raison valable d'aller remettre les pieds dans cette ville sale, faites de vices et de corruption, d'injustice et d'irrégularités, bâtie sur des mensonges et qui perdurait par des trafics malsains. Non, vraiment, très peu pour moi.
- A vrai dire, je n'ai pas vraiment de chez moi en haut. Ma mère est une droguée et mon père n'a jamais été mon père. Je ne regrette pas ma vie d'avant... Ici, certains n'acceptent peu être pas ma présence, mais je me rends utile comme je peux et en échange j'ai le droit de vivre à peu près librement. Et puis cet endroit est incroyable, il y a un tas de choses à découvrir ici, à force de me promener dans les ruines j'ai fini par me passionner pour les anciens mythes de votre civilisation. Je me sens plus chez moi ici et maintenant que jamais dans mon ancienne vie... Je sais que c'est bizarre, mais c'est comme ça.
C'était ma réponse, même si elle pouvait sembler étrange. Ma maison, c'était cette ruine améliorée de quelques couvertures, ma famille ces étranges hybrides prêts à mourir pour leur liberté et celle de leurs enfants, ... Ma vie était ici et nulle part ailleurs.

J'avais conscience que mon histoire était un peu particulière, en général les humains qu'on amenait ici ne pensaient qu'à rentrer chez eux, et le plus vite possible! Cela avait été mon cas, au début, mais je m'étais aperçu que je n'y avais pas ma place. Un peu comme certains ici, en somme. J'avais découvert, en fouinant dans les ruines, l'existence d'un clan qui vivait déjà dans ces tunnels bien avant l'arrivée des humains et même bien avant les "fléaux" dont parlent la légende: il s'agissait d'hybrides nocturnes qui craignaient la lumière et vivaient sous terre, à l'abri. Ce qui était fascinant, avec eux, c'était qu'ils acceptaient avec eux ceux qui se sentaient rejetés par la société Kemono: ceux dont leur famille ne voulaient plus, ceux qui avaient été moins gâtés par la nature que les autres! Je ne savais pas ce qu'il était advenu de ce clan, mais je rêvais de découvrir l'une de leurs mines, et surtout je me sentais concerné par leurs règles: j'étais une de ces personnes qui se sentaient rejetées par la société, j'avais ma place dans le clan de l'ombre.
Heaven disait qu'elle comprenait que je préfère ne pas rentrer: elle non plus ne devait plus se sentir très à l'aise en haut. Elle se montrait aussi curieuse par rapport à mes recherches.
- Quand ce sera un peu plus calme, je me ferais un plaisir de te montrer ce que j'ai trouvé! Répondais-je en souriant.
Elle me demandait alors si je connaissais quelqu'un ici qui faisait office de médecin. Ce n'était pas étonnant, elle était enceinte après tout... Elle devait avoir besoin de quelqu'un pour surveiller son état et celui de son bébé. Les médecins faisaient partie de ce qui avait tendance à manquer ici: la médecine traditionnelle Kemono s'était un peu perdue et celle les humains n'était pas facilement accessible aux hybrides. Il arrivait qu'on enlève des médecins pour faire le travail mais on ne pouvait jamais être surs qu'ils n'étaient pas des traîtres!
- Que je réfléchisse... Un médecin ici, en ce moment, je ne sais pas. En général les seuls médecins qu'on a ce sont des humains qui ont été enlevés. J'irais me renseigner pour toi si tu veux. Et sinon, il reste la doyenne qui connait beaucoup de choses sur beaucoup de sujet, il paraît que c'est elle qui s'occupe des femmes enceintes ici.